La Gladiatrice

La Gladiatrice

Jean-François Nahmias se fait, depuis les années 1990, spécialiste des romans historiques. Il a, par exemple, situé au Moyen Âge, trois de ses plus fameuses oeuvres: L'Enfant de la Toussaint, La Nuit Mérovingienne et L'Illusion Cathare. Depuis quelques temps, il applique son style si prenant et vivant à l'Antiquité romaine. Après La Prophétie de Jérusalem et Le Voile de Bérénice (biographie de l'Empereur Titus parue en deux tomes aux Editions n°1), il a créé pour les enfants le personnage de Titus Flaminius, sorte de détective privé antique. La Gladiatrice est le second tome de cette série qui ne fait apparemment que commencer.

Tueuse en série au coeur du Forum

Une peur sourde déferle sur les rues de Rome. Depuis peu, une mystérieuse gladiatrice rousse et masquée pénètre chez les honnêtes citoyens pour les assassiner sauvagement. Le mari de la dernière victime, une parfumeuse réputée à qui la meurtrière a consciencieusement découpé le nez après lui avoir ôté la vie, vient demander son aide à Titus Flaminius pour retrouver le bourreau de son épouse. Touché par la détresse de cet homme, Titus accepte de mener son enquête. Il comprend vite que s'il veut sauver Rome d'un incendie qui signerait sa destruction, il n'a d'autre choix que de s'infiltrer dans le monde cruel et secret des gladiateurs romains.

Déroutant

C'est incontestable, Jean-François Nahmias maîtrise son sujet... Il le maîtrise tellement bien qu'il parvient dès les premières lignes à nous rendre totalement familier l'univers de la Rome Antique... Pour un peu, vous confondriez le Forum de Rome avec celui des Halles où vous venez juste de faire vos courses... L'intrigue démarre sur les chapeaux de roues et on a tout de suite envie de suivre ce sympathique détective qui porte si bien la jupette et la sandale. Malheureusement, à partir du moment où Titus se fait interner dans la caserne des gladiateurs, l'auteur arrête totalement l'histoire et ne la reprendra qu'à la toute fin de son livre. En attendant, la parenthèse au sein de la troupe de gladiateurs est certes très instructive, mais, totalement inutile à l'élucidation du mystère. Mais après tout pourquoi pas ? Le ton reste agréable et vivant et peut plaire aux jeunes lecteurs qui n'attendent pas que de l'action des oeuvres qu'ils lisent.

Mais reste un petit souci : pas quelque chose d'énorme ni d'aberrant qui me ferait dire tout de suite que ce livre est absolument à proscrire, juste un tout petit grain de sable particulièrement irritant et dérangeant quand il s'insère dans une oeuvre jeunesse globalement bonne. Au risque de passer pour une incorrigible vieux jeu, je pense qu'il n'est pas particulièrement indispensable (voir qu'il serait mieux d'éviter) de saupoudrer les livres pour enfants de scènes de sexe gratuites. Qu'une histoire d'amour entre deux héros se termine sous les draps, soit. Mais qu'un héros jeunesse se tape sans scrupule des femmes qu'il ne connaît pas, en leur faisant croire qu'elles sont l'amour de sa vie, dans les seuls buts d'obtenir des renseignements et de se soulager, je dis non ! Vous me répondrez qu'il est peut-être paradoxal de reprocher le sexe gratuit et d'accepter les scènes de violences particulièrement crues et réussies des combats de gladiateurs... Je le sais, c'est aberrant, mais les faits sont là : le tabou de la violence destinée aux enfants est tombé, pas encore celui du sexe. Laissez-nous juste un peu de temps, un an de manga porno juste avant d'envoyer nos têtes blondes à l'école et que ce dernier rempart s'écroule à son tour...