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Pontesprit

Joe Haldeman ( Auteur), Alain Brion (Illustrateur de couverture), Bruno Martin (Traducteur)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/05/04  -  Livre
ISBN : 2070316149
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Eric   - le 20/09/2018

Pontesprit

Pas assez indispensable pour avoir vu ses dix-sept romans traduits, on se souvient surtout de Joe Haldeman pour La guerre éternelle, et on a préféré l'oublier pour sa tardive suite La liberté éternelle. Pourtant, s'il n'a jamais révolutionné le genre, Haldeman a toujours été un honnête artisan de l'imaginaire, récompensé d'ailleurs par un Hugo en 1975.

Et précisément, lorsqu'il fallu, l'année d'après, reprendre la plume après l'immense succès de La guerre éternelle, c'est ce court roman au titre qui sonne comme un nom de bourgade de Basse-Normandie qui sortit des presses.

Pontesprit - ou "pont" - c'est le nom qui a été donné à une étrange créature venue de Groombridge 168, une planète désolée et lointaine. Nous sommes en 2051, et l'Humanité se propulse depuis peu dans l'espace grâce au TLM, une sorte de transfert de matière instantané, mais soumis à de strictes lois de réciprocité. Ainsi, lorsque Jacque Lefavre et son groupe d'explorateurs arrivent sur Groombridge c'est pour une mission de cinq jours. Ils en ramèneront un "pont", que les scientifiques de l'Office du Développement Extra-terrestre n'auront à leur tour que cinq jours pour analyser avant qu'il ne soit renvoyé sur son monde d'origine.

Basique

C'est peu en regard de la faculté de cette bestiole invertébrée à mettre en relation les esprits de ceux qui la touchent. Une seule chose est certaine, la simple découverte du "pont", ouvre à l'homme des voies jusqu'alors insoupçonnées. Celle de l'esprit et de la télépathie.

L'histoire, qui ne tient guère que sur un petit quart du roman, est assez basique. Haldeman n'est pas un finisseur, et son apothéose risque même de vous sembler un rien palotte après les derniers retournements de situation de la mi-parcours. Son univers sonne comme étrangement familier au lecteur de La guerre éternelle : une organisation militaire ou paramilitaire, la présence d'une conscience universelle chez une race alien, et encore un couple qui se rencontre sur le front de l'aventure. Il est comme ça le Joe ! Il fait partie de ces auteurs dont l'histoire personnelle nourrit très (trop ?) ostensiblement leur fiction.

En revanche, la composition du livre est assez intéressante, même si elle n'est pas neuve, loin de là. S'inspirant du Tous à Zanzibar de John Brunner, qui lui-même s'était inspiré de la Trilogie USA de John Dos Passos, Joe Haldeman entrelarde son récit de divers documents, transcriptions d'interviews, titres de journaux et allers-retours dans le futur et le passé. Comme ces illustres modèles, qu'il cite d'ailleurs en ouverture, il profite de cette forme assez riche et complexe pour faire de son univers une part active de l'intrigue. C'est cette part là qui sauve le roman tout entier d'une relative banalité.

Un réel plaisir

Mais là où cette technique de narration contournée permettait à Dos Passos de donner du monde qui l'entourait une image fidèle. Là où Brunner l'utilisait pour montrer au lecteur une image réaliste du pire futur possible. Haldeman en use pour mettre en scène sa fiction, et transformer ses scènes d'exposition en tableau de l'imaginaire. Rien de plus.

Soyons clairs, Haldeman n'a pas le génie de Brunner et débarrassée de son contenu politique cette composition perd de son mordant. Cependant, elle donne à l'ensemble un charme certain, et pour un peu y souffleraient presque les vents furieux de l'épopée. Au moins une petite brise en tout cas. Même si l'on reste essentiellement dans l'anecdotique, on prend un réel plaisir à suivre ce bref éphéméride d'un futur. Au fond, on n'en demande pas plus.

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