David Ambrose a débuté à Hollywood comme scénariste en compagnie d'Orson Welles. En parallèle de ses activités cinématographiques, il écrit des livres situés à la croisée de la littérature générale et des différentes branches des littératures de l'imaginaire. Coïncidence est son troisième livre sur les sept qu'il a écrits, à ce jour traduit en français, après L'homme qui se prenait pour lui-même et Superstition. Lors de l'écriture de Superstition, plusieurs constations ont sensibilisé l'auteur au phénomène des coïncidences. Grâce à son traitement de texte, il a découvert que les phrases de ce livre comportaient en moyenne 13 mots et la plupart des évènements importants liés à ce livre (vente des droits audio-visuels, rencontre avec des producteurs, etc...) ont eu lieu comme par hasard le 13 du mois. La curiosité de David Ambrose était piquée à vif et il commença ses investigations sur le sujet. Puis il laissa s'emballer sa prolixe imagination.
A jouer avec le hasard, on finit par le provoquer
George, écrivain, peine à trouver l'inspiration. Après le décès de son père, il tombe sur une photo le représentant lui enfant avec un couple dont il n'a aucun souvenir. Serait-ce possible qu'il ait quelque part au monde un sosie si ressemblant ? Troublé par ce cliché, il se décide à mener l'enquête et à utiliser ses recherches pour alimenter son prochain roman. Le "hasard" n'a pas fini de jouer avec lui il le confronte avec la preuve que Sara, sa femme, le trompe puis le met en présence de Larry, le garçon sur la photo qui a tout déclenché devenu adulte. S'ensuit une série de manipulations, de substitutions, de dissimulations qui va engendrer meurtres et perturbation cosmique…
"Dieu est-il un intello névrosé ?"
David Ambrose s'inscrit une fois de plus dans la lignée de Philip K. Dick puisque comme dans Le maître du Haut-Château, George va prendre ses décisions en s'en remettant à la divination du Yi King. La mise en abîme (la figure de l'écrivain qui se consacre au même sujet que le livre dont il est un personnage) autorise Ambrose à de longs développements anedoctiques, scientifiques, jungiens sur la synchronicité ralentissant parfois le rythme du récit mais apportant des pistes pour qui voudrait approfondir le sujet. Les machinations fomentées par Larry n'en demeurent pas moins saissisantes. Les duplicités s'enchaînent si bien que le nombre de témoins génants, comprendre hommes (ou femmes) à abattre, s'accroît au fur et à mesure. Au passage, Ambrose vise les hommes politiques qui dissimulent par calcul pour donner un coup de pouce à leur carrière mais sans doute, toute ressemblance avec un personnage…doit être exclue.
L'explication de cette superposition d'identité, Larry doublon de George, s'avère reposer sur un deus ex machina (au sens quasi littéral de l'expression) un peu facile. Bien qu'ingénieuse la construction de ce livre me paraît moins ambitieuse, plus laborieuse que celle de Superstition. Croisons donc les doigts pour que le prochain romain d'Ambrose renoue avec la fluidité narrative démontrée dans le précédent.