Fabrice Colin a du talent ! Voilà un fait qui ne se dément pas depuis ses débuts en 1997 au club des auteurs Mnémos. Entre fantastique et fantasy, de nouvelles en romans, le bonhomme a su s’imposer comme un auteur phare de la SF française avec un mot clef : l’imagination. A vos souhaits confirme pleinement ce statut. Loin de la classique fantasy moyenâgeuse et celtique, où tout se règle à grands coups d’épées, il nous entraîne joyeusement dans la bonne ville de Newdon, cité qui ressemble fortement à Londres au XIXème siècle. Même ambiance embrumée, même reine (sauf qu’ici elle s’appelle Astoria…), on pourrait se croire dans un roman de littérature générale s’il n’y avait pas quelques menus changements…
United Color of Beneton
Et d’abord la présence d’ogres, de nains, de gobelins, d’elfes et autres goules aux côtés des humains ! Tous ces peuples se mélangent dans une parfaite harmonie (enfin presque…) autour des mêmes activités et des mêmes pubs. Bien sûr à chaque population, sa spécificité. Les nains sont par exemple de brillants ingénieurs alors que les elfes sont d’excellents illusionnistes. Bref, tout le monde s’intègre sans aucun problème dans cette société cosmopolite. Il existe même un sport commun fédérateur : le Quartek, joyeuse fusion de rugby, football américain et bataille rangée…
Tout irait donc pour le mieux si une sombre menace ne planait sur la ville. Après 5 000 ans d’un sommeil profond, le Diable vient de s’échapper de sa prison et entend bien prendre sa revanche. Oh, rien de bien méchant au fond. Il veut juste ouvrir les portes de l’enfer et libérer tous ses gentils démons dans Newdon ! Mais pour ça, il a besoin de quelques victimes comme un elfe nul en magie, un jardinier nain désastreux et un humain incapable de se suicider correctement.
Oriel, Gloïn et John ont tous les trois le profil idéal. Le premier est l’elfe le moins doué de tous les temps pour les tours de passe passe ou pour faire apparaître la plus petite boule de feu. Il vient de tripler sa première année de magie ! Gloïn le nain a lui une seule passion : les fleurs. Malheureusement, il lui suffit de s’approcher d’une plante pour la faire mourir… Quant à John, sa vie lui semble pitoyable. Sa dernière conquête l’a largué et l’équipe de Quartek qu’il entraîne est la dernière du championnat. En gros, ce serait un candidat parfait pour le suicide… s’il ne se ratait pas à chaque fois.
Mais une fois dans les griffes du Diable, les trois amis sauront-ils s’en échapper et sauver la ville ?
Ce que j’en pense :
A vos souhaits est un petit bijou d’humour. Quelque part entre Pratchett et les Charlots, Fabrice Colin manie avec talent l’absurde pour nous faire rire. Et ce faisant, il explose littéralement les limites de la fantasy pour donner une œuvre ou l’humour se dispute à l’originalité. Mené tambour battant, ce roman se dévore d’un bout à l’autre. Une très grande réussite !