Petit Vampire et les Pères Noëls verts

Petit Vampire et les Pères Noëls verts

Si Petit Vampire est passé sur le petit écran avec un dessin animé qui lui est consacré, il ne délaisse pas pour autant les librairies. Pour preuve ce sixième tome du jeune vampire qui paraît pour les fêtes. C’est de bon augure puisqu’il parle du Père Noël et de sa véritable nature. Joann Sfar est un auteur prolixe, âgé d’une trentaine d’années il a déjà publié plus d’une quarantaine de bandes dessinées. Tour à tour dessinateur ou scénariste, il est les deux sur plusieurs séries comme Le Chat du Rabbin (Dargaud), Pascin (L’Association), Le Minuscule Mousquetaire (Dargaud) ou Le Borgne Gauchet (L’Association). Le cinquième tome de Petit Vampire, ...Et la soupe de caca, a par ailleurs reçu le Prix du Meilleur album jeunesse 7/8 au festival d’Angoulême 2003 et deux livres de courtes histoires sont sortis chez Decourt.

Il n’est pas si gentil le Père Noël

Michel ne croit plus au Père Noël. D’ailleurs, il n’y a jamais cru, ses grands-parents lui ont déjà fait le coup avec le Père Hannouka. Il est donc estomaqué que Petit Vampire y croit encore lui. Mais le plus drôle c’est que le Capitaine des Morts et Madame Pandora aussi ! Il appelle son grand-père en renfort, ce n’est pas possible que tous ces gens soient naïfs à ce point. Et pourtant, même son Pépé se range à leur avis. Pris d’un doute il décide d’attendre le Père Noël avec Petit Vampire, malgré l’interdiction formelle des parents de ce dernier. Tous les petits enfants qui, un jour, ont vu le Père Noël ne sont jamais rentrés chez eux. Frigorifiés, nos deux complices attendent sa venue. Enfin, une sorte d’immense géant vert s’achemine vers le manoir, il laisse tomber une tribu de petits Pères Noëls verts qui vont distribuer les cadeaux. Vite, Petit Vampire et Michel se cachent dans ses cheveux. Trop tard, maintenant, ils ne pourront plus rentrer chez eux.

Réactualisation d’un mythe contemporain

Cette fois Joann Sfar s’attaque au mythe du Père Noël pour une fois encore le décaler, lui donner les couleurs de son monde. Eh non, le Père Noël, ce n’est pas ce gros bonhomme en rouge et blanc inventé par Coca Cola. Ce sont plusieurs géants qui se déplacent la nuit de Noël avec à leur bord des petits lutins verts qui livrent les cadeaux dans tout le vaste monde. Une fois leur travail terminé, il se retransforme en colline. Comme souvent chez Sfar le cracra et la tendresse se côtoient. Parce qu’il faut le dire, tout le passage dans le géant et Michel prisonnier de son cœur est plutôt dégoûtant. On vit pourtant les beaux rêves de Michel ou de Petit Vampire, et on les comprend. Les enfants aimeront sûrement s’identifier à Michel qui redevient lucide, qui a fait véritablement son deuil et qui trouve en lui les ressources nécessaires pour vaincre ses propres fantasmes. Juste un mot sur les couleurs de Walter qui donnent un charme fantastique aux aventure de Petit Vampire et habitue l’œil des enfants à une gamme de teintes toujours plus vaste.

Sfar, une nouvelle fois, offre aux plus jeunes une histoire qui mène à réfléchir en s’amusant. A la manière d’un conteur, il donne des clefs sans les imposer. Si vos enfants ne connaissent pas encore Petit Vampire, craquez, offrez-leur pour Noël !