Peut-être parce qu’elle a été éditrice en fantasy avant d’être romancière ou qu’elle a un diplôme d’études scandinaves, Jude Fisher maîtrise les ficelles du récit de fantasy. Sous le nom de Gabriel King, elle a publié quatre romans avec John Harrison. Sous son vrai nom, Jane Johnson, elle a travaillé pour Harper Collins. Elle a par ailleurs écrit les trois livres du film Le Seigneur des Anneaux.
Cette efficacité de directrice littéraire, on la retrouve dans L’Eveil de la magie. Ce qu’il faut comme peuplades inspirées de notre réalité, ce qu’il faut d’héroïnes face à leur destin, ce qu’il faut de foires et d’injustice sociale…Tout est calculé, millimétré, policé… Et le pire, c’est que ça marche !
Guerre et magie
Katla, une fille du nord, vient pour la première fois à la foire avec son clan. La guerre qui opposait son peuple à celui des Istriens (sédentaires aux mœurs musulmanes) a été réduite à l’état de braises couvant sous la cendre…Il suffit de peu de choses, d’une brindille de magie, d’une rixe autour d’un étal, de la désobéissance de la jeune fille pour que tout s’enflamme…Et bien évidemment, derrière cette guerre d’hommes, une sombre puissance se réveille, apportant chaos et souffrance.
Sans sens critique
Il y aurait bien des choses à dire sur la fantasy formatée et le parcours initiatique de héros adolescents. Il serait peut-être de meilleur ton de râler contre les clichés et les facilités de style. Ce serait néanmoins injuste.
Comme Weis et Hickman (mais sans le côté D&D), Jude Fisher maîtrise son propos (par ailleurs sans grande profondeur) et la lecture de l’Eveil de la Magie (dans la tour sombre, avec l’épée de l’orage ?) reste néanmoins facile et agréable.
Vous me direz, il ne manquerait plus que ce soit difficile à lire, comme d’habitude. Et bien, justement ! Parfois, les romans de fantasy sont non seulement ennuyeux mais ardus. Là, non. Efficace, on vous dit. Et, sur 370 pages, l’œil et l’estomac lourds de toutes ces festivités de fin d’année, on tient le coup…L’héroïne va même jusqu’à émouvoir.
Des circonstances atténuantes
Non, n’exagérons rien. Disons qu’elle intéresse. Les dialogues convenus et les traits d’humour communs défilent vite. Elle aussi, même si son grand destin, évoqué lentement, commence déjà à nous faire bailler.
En janvier, tout sera différent. Ragaillardis par une nouvelle année, on retrouvera un sens critique. Mais là, en période de Noël, tout passe…Etant donné qu’on peut se laisser aller, nos lectures suivent allégrement le chemin de la facilité…