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La Couronne d’aiguilles

Jeff Smith (Scénariste, Dessinateur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/01/05  -  BD
ISBN : 2847894918
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charlotte   - le 27/09/2018

La Couronne d’aiguilles

Jeff Smith, ce doux rêveur un peu fou né en 1960 nous fait partager la vie de son étrange petit être Bone depuis quatorze ans. Ses premiers strips, Thorn, sont publiés quotidiennement dans le journal de l’Ohio State University. Il se forme ensuite aux techniques du dessin animé et fonde une agence spécialisée, Characters Builders. La révélation lui vient à la lecture de Dark Knights de Frank Miller, et il se replonge dans le travail afin de créer la série Bone, dont le premier comic book, publié en 1991 en auto-édition, passe totalement inaperçu. Depuis, la série est devenue un best-seller, traduite en neuf langues, elle a notamment reçu le Prix de la Meilleure Bande dessinée étrangère au festival d’Angoulême en 1996 pour le premier tome et Smith, le Prix du Meilleur Cartoonist à l’Harvey Award en 1997. Peut-être que nous ne quittons pas définitivement le monde de Bone avec ce onzième album puisqu’il paraît que son créateur travaillerait actuellement sur un long-métrage.

Dernier combat épique pour nos héros

Le tyran Tarsil est abattu par Briar d’un coup de faux devant les portes d’Athéia, la guerre contre le Locuste semble d’ors et déjà perdue. Mais sa sœur, la reine Rose, qui n’est autre que Mamie Ben, prend la direction des opérations et parvient à repousser la première attaque. Pendant ce temps, Thorn et Fone Bone sont délivrés et se joignent à la bataille. Pourtant, Briar rappelle ses troupes de rats-garous, un danger encore plus grand menace le monde, les cercles fantômes descendent sur la cité et le Locuste toujours en possession du corps de Mim s’est de nouveau libéré. Le seul moyen de mettre un terme au cauchemar est de trouver la couronne d’aiguilles. Pour cela, il faut que nos héros aillent dans le cimetière des dragons et la touchent. Une ultime épreuve pour Thorn et Fone Bone.

Un petit bijou de rêve et de merveilleux

C’est avec un certain pincement au cœur que l’on referme cet ultime album de Bone, après quelques 1300 pages de complicité et de bonheur. Ce onzième tome termine en apothéose le récit des aventures de Fone Bone, de ses deux cousins et de tous les personnages qui ont traversé cette épique série. Smith les rappelle tous, pour un dernier salut, ainsi on revoit la bestiole Ted, le Dragon rouge, la reine Rose et Lucius, Briar et bien sûr Thorn, sans compter les rats-garous dont le plus attendrissants de tous, Bartleby.

Le succès de la série réside pour une partie dans ses héros. Fone Bone d’abord, petit Bone touchant, si naïf et si brave secrètement amoureux de Thorn, si différent de ses deux cousins, Smiley, qui, comme son nom l’indique, est un peu le simplet de la bande avec pourtant des réflexions non dénuées de bon sens, et Phoney le vénal, l’harpagon du groupe qui nous fait d’emblée penser à l’Oncle Picsou. Et puis, il y a la courageuse princesse Thorn, prête à donner sa vie pour sauver le monde, sa grand-mère Mamie Ben, qui n’est autre que l’ancienne reine Rose, à la force herculéenne, son amoureux, le valeureux Lucius, le sage Dragon rouge, la drôlissime bestiole Ted et tous les personnages secondaires qu’il serait fastidieux d’énumérer mais qui concourent à la réussite de l’aventure. Tous ces personnages hauts en couleurs vont affronter une ultime fois le destin afin de sauver le monde du cauchemar qui menace de s’étendre sur lui. Car dans le camp ennemi, il y a également des protagonistes de choix, à commencer par les cruels rats-garous, les affreux criquets, la sombre Briar et le terrifiant Locuste. Ce onzième album livre toutes les clefs de l’intrigue et par le jeu de clins d’œil, nous fait revivre les péripéties des centaines de pages de la série, ceci pour montrer combien est cohérent le monde imaginé par l’artiste.

Smith aura fait palpiter le cœur de nombreux lecteurs dans ce monde qui mélange allégrement l’héroïc fantasy et le cartoon. A côté des dessins medieval fantastic qui mettent en scène le décor et les personnages humains, il y a les Bone, ces créatures échappées d’un rêve, aux formes rondes et simples, au style d’une naïveté sans pareille et pourtant si compliqué à réaliser. Cet écart entre les deux graphismes révèle l’un des secrets de fabrique de Bone, tout l’art et la légèreté de Smith qui parvient à distiller un humour parfois tendre, parfois burlesque mais toujours généreux à une intensité dramatique palpable à chaque planche. Son utilisation brillante du noir et blanc restera également dans les annales du genre, tout comme son trait fin souligné par les aplats noirs. En refermant ce dernier tome, un mot s’impose au lecteur, le terme de chef d’œuvre du genre.

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