Les Fils du vent

Né en Californie, Robert Charles Wilson a déménagé au Canada à l’âge de 9 ans. Il a publié à ce jour 12 romans (dont seulement la moitié est disponible en français) et figuré dans bon nombre de sélections pour des prix littéraires.

Chassé-croisé

Michael, 15 ans, n’est pas un adolescent comme les autres. Plus encore que le divorce de ses parents, la présence d’un homme en gris qui semble le suivre l’angoisse. Karen sa mère, pour le protéger, décide de partir rejoindre sa sœur Laura en Californie. Mais le mystérieux rôdeur n’est-il pas capable de les retrouver où qu’ils se cachent ? Y compris dans des mondes parallèles ? Et pourquoi est-il à leur poursuite ?

Une tragédie familiale

Grâce à la traque mâtinée d’enjeu religieux, les manipulations et autres trahisons ainsi que les révélations progressives (par le biais notamment de flash-back) sur les pouvoirs des protagonistes, Robert Charles Wilson construit une intrigue à haut suspense. Il repose le problème de l’attitude du pouvoir vis à vis des êtres hors normes en prêtant à l’un des dirigeants cette intention à l’égard de Laura, Karen et Michael : « On peut les réviser pour les rendre utiles. »

La réussite de ce roman réside surtout dans la subtilité des liens qui unissent les personnages. Aux confins de la structure des tragédies antiques et classiques, une malédiction semble peser sur la fratrie de Karen, Laura et Tim. Chacun s’en accommode à sa façon. Karen agit comme si de rien n’était. Laura se construit une bulle à l’écart de la réalité pour laquelle elle est une anomalie. Tim cherche à valoriser sa différence quel qu’en soit le prix. Et la génération suivante dispose d’encore moins de marge pour appréhender le problème. Mais elle est plus déterminée à sortir de la crise.

Les Fils du vent touche aussi à la thématique des racines. L’oscillation entre le Canada et les Etats-Unis n’est d’ailleurs peut-être pas sans rapport avec la biographie de l’auteur. La recherche du sentiment « d’être chez soi » revient régulièrement dans le livre.

Une œuvre en devenir

D’après l’auteur, la dictature du Novus Ordo dans ce roman anticipait l’Amérique qu’il a décrite dans Mysterium. Ici la dimension religieuse manque un peu d’envergure elle rend juste encore plus condamnable l’inhumanité de ceux qui prétendent agir en son nom.

A l’instar de Michael, Robert Charles Wilson, semble dans ce troisième roman, chercher ses marques. Il n’avait pas encore atteint la maturité de son écriture, et battus par le vent mauvais de la lecture peu complaisante, les fils qu’il entremêle dans ce texte tiennent encore parfois du bout de ficelles.