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Espace vide

Terkel Risbjerg (Scénariste, Dessinateur)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/03/05  -  BD
ISBN : 2745918281
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charlotte   - le 27/09/2018

Espace vide

Terkel Risbjerg, jeune auteur danois vivant à Paris, maîtrise parfaitement la langue de Molière. Pour preuve, cette bande dessinée qu’il a directement écrite en français. Cet album est le premier album de cet auteur travaillant habituellement dans l’animation

Un chômeur dans l’espace reste un chômeur

Serge est au chômage depuis une semaine. Il se rend d’administration en administration pour faire valoir ses droits… De files d’attente en formulaires manquants, en passant par des fonctionnaires pointilleux, il passe ses journées à attendre un hypothétique emploi ou au moins son indemnité chômage. La situation le rend d’une humeur massacrante et en toute logique c’est sa copine qui en fait les frais. Son couple bat donc de l’aile. Pour vous rassurer, il y a toujours le bon pote mais quand celui-ci vous explique en guise de consolation que sa nana s’est tirée quand elle a su qu’il était au chômage… Il y a de quoi broyer du noir. Une mission périlleuse aux confins de la galaxie l’aidera-t-il à sortir enfin de ce marasme ambiant ?

Récit intimiste science-fictionnesque

Première constatation, Espace vide fait immanquablement penser à Lupus (Atrabile) de Frederick Peeters. Mis à part le fait que les deux bandes dessinées soient en noir et blanc, Risbjerg, à l’instar de Peeters, ne se sert de la science-fiction que pour mieux souligner son récit intimiste. Ce qu’il nous montre, c’est que le futur sera exactement comme aujourd’hui. Enfin, pas tout à fait, on se déplacera dans l’espace en vaisseau individuel et les missions se feront à l’autre bout de la galaxie, mais si la forme sera nouvelle, le fond, lui, restera. Il y aura toujours le chômage, les copains, la petite amie et l’Administration, des Assedic à l’ANPE pour vous pourrir la vie. Pas de doute, ce futur là a des accents de présent, et allons plus loin, des accents de vécu.

Avec un humour souvent très amer, Risbjerg nous décrit une situation tristement banale, il montre les conséquences du chômage sur un personnage lambda, Serge. Le premier de ces changements sur la personnalité de son « héros », c’est l’impression d’inutilité, de nullité, une profonde dépréciation de soi. Tous les maux de la vie de Serge découlent de ce premier constat, y compris les tensions avec sa copine. Le récit se clôt de manière plutôt pessimiste, la mission périlleuse qui devait changer radicalement la vie de Serge, n’aura servi qu’à lui faire prendre conscience de ses priorités, ce qui n’est déjà pas si mal, me direz-vous. Il reste que la dernière planche ne s’ouvre pas sur un avenir radieux.

Du côté des dessins, Risbjerg utilise beaucoup d’aplats noirs qui transcrivent à la fois le vide de l’espace et le vide intérieur de Serge. On regrette cependant un manque de finesse dans la composition assez répétitive, qui enferme certes le héros dans son marasme, mais qui finit par lasser l’œil. Il est dommage que le dessin manque parfois d’un peu de vie, tout comme les dialogues qui sont également un peu figés, certaines répliques sonnent d’ailleurs complètement faux. Tous ces petits défauts empêchent le lecteur de s’immerger dans le récit. Néanmoins, pour une première tentative en bande dessinée, Terkel Risbjerg s’en sort avec les honneurs.

L’album en lui-même fait assez « underground », des dessins au format carré en passant par la couverture souple, reste le prix, 13€, qui soyons en sûr ne séduira pas les chômeurs.

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