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Photo de L’Univers féerique

L’Univers féerique

Olivier Ledroit (Dessinateur), Olivier Souillé (Scénariste), Laurent Souillé (Scénariste)
Aux éditions : 
Date de parution : 30/04/05  -  BD
ISBN : 2951135599
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Laurent   - le 20/09/2018

L’Univers féerique

Olivier Ledroit s’est taillé une sérieuse réputation de dessinateur de monstres et de démons dont il a empli les pages de ses bandes dessinées: Les Chroniques de la lune noire (avec Froideval), Sha ou Requiem (avec Mills). Pourtant, il nous revient aujourd’hui avec un livre d’illustrations de L’Univers féerique, sorti chez un tout nouveau venu de l’édition: Daniel Maghen. Un virage à quatre-vingt-dix degrés par rapport à ses productions récentes donc, mais qui traite toujours les thèmes chers au dessinateur/illustrateur: le fantastique et le surnaturel. Des thèmes abordés cette fois à travers le miroir changeant d’un ruisseau de printemps, à travers les mystérieuses frondaisons d’une forêt oubliée, les voiles d’un rêve qui s’échappe comme du sable entre nos doigts. Un univers merveilleux parfois doux, parfois inquiétant, mais nourri d’un romantisme qui nous fait découvrir une nouvelle facette de la personnalité de Ledroit. Un univers, en tout cas, à mettre entre toutes les mains.

Oberon, Titania et leur cour, invisibles au yeux des sceptiques

L’Univers féerique d’Olivier Ledroit est rempli de papillons. Ses elfes et ses fées partageant avec les noctuelles le don de la furtivité, projetant des ombres au coin des yeux, mais échappant à notre regard dès que nous le posons avec trop d’insistance sur leur peau diaphane. Ces fées sont d’ailleurs, parmi les dessins récents de l’auteur, la plus grande réussite de ce recueil. Originales, variées, et somptueusement mises en couleurs, chacune d’entre elle arbore sa propre personnalité. Tantôt poupons, tantôt graciles, ces créatures profitent du don de l’auteur à manier les transparences et les densités de couleur, qui leur confèrent la fragilité des papillons qu’elles imitent.
Les quelques créatures inquiétantes (Pisse-Troll, Elzechior le maudit, etc.) nous rappellent que le monde féerique n’est pas sans danger. A leur côté, le petit peuple camoufle ses trognes sous les chapeaux des champignons. De telle sorte que les humains chevauchent parmi eux sans jamais les voir.
Venant unifier toutes ces œuvres graphiques, les textes de Laurent et Olivier Souillé et la maquette de Vincent Odin, participent à l’harmonie du tout. Les textes sont souvent drôles et respirent le même parfum que les dessins qu’ils accompagnent: un parfum d’enchantement. Mais le recueil demeure avant tout un plaisir pour les yeux.

Une qualité de production inégalée

Techniquement, l’œuvre est irréprochable et nous permet d’approcher le travail de Ledroit dans toutes ses étapes. On s’extasie devant des dessins crayonnés purs (parfois rehaussées au rotring) aux traits noueux, comme les arbres qui les composent. Des illustrations en couleur directe d’une intensité incroyable où les crayonnés, plutôt sommaires, ne servent que de canevas au dessin de Ledroit qui s’épanouit au pinceau. A ce propos, le choix de publier La Farandole, une très grande illustration en quatre pages dépliantes où les personnages peints côtoient les personnages crayonnés, est du plus bel effet. Ménélor, le centaure, est également un exemple du genre.
Le travail des couleurs et tout particulièrement des tons sépia, est remarquable, leur rendu étant exceptionnel pour un ouvrage d’illustrations. Un résultat rendu possible par l’emploi d’une technique d’impression et d’un papier de création uniques. A tel point qu’il faut parfois coller son nez au papier odorant pour vérifier que l’on n’a pas sous les yeux un dessin original.
Doté d’une qualité de production inégalée, cet ouvrage mérite très largement son prix, ce qui, dans le domaine de la BD et de l’illustration, est loin d’être la règle. Un cadeau à faire et à se faire toutes affaires cessantes.

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