Jeunesse
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Il était une fois un garçon, un troll, une princesse...

Sidonie Van den dries (Traducteur), Jean Ferris ( Auteur), Gianni De Conno (Illustrateur de couverture)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 30/04/05  -  Jeunesse
ISBN : 2747010708
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Nathalie   - le 27/09/2018

Il était une fois un garçon, un troll, une princesse...

De son enfance solitaire et marquée par de nombreux déménagements, Madame (eh oui aux Etats-Unis, Jean peut être un prénom féminin !) Jean Ferris a gardé trois habitudes. Celle d'écouter les conversations des autochtones, de scruter leurs intérieurs et de consigner par écrit les résultats de cette double observation. Impressionné par les boîtes pleines d'histoires qui s'accumulaient sous leur lit, son mari lui suggère de se faire publier. Elle y parviendra en 1983 avec Amen Moses Gardenia, un roman qu'elle a commencé suite à la tentative de suicide d'une amie de sa fille, pour "essayer de comprendre comment on peut avoir envie d'en finir à 14 ans". Depuis elle a écrit plusieurs pièces de théâtre, une trilogie historico-sentimentale et une douzaine de livres pour les adolescents, son public favori.

« Certains prétendent que le rire est le meilleur remède et d’autres, moins nombreux, soutiennent que c’est l’amour »

Les trolls se doivent de respecter un certain nombre de traditions (le népotisme, fuguer de chez leurs parents, passer cent ans de leur existence dans une grotte) mais recueillir un enfant humain égaré dans la forêt ne fait pas partie de leurs us et coutumes. D'où l'embarras d'Edric (appelez-le Ed, comme ses amis) quand il est contraint d'héberger Christian. Embarras qui empire quand le troll réalise que le séjour de l’enfant chez lui devient permanent et définitif et que son éducation relève donc de sa responsabilité. Ed se débrouille avec un manuel de savoir-vivre mais ce qu’il inculque à Christian n’empêche pas ce dernier, devenu un jeune homme, d’aller au devant de grands ennuis et de belles déconvenues. Il s’est épris d’une princesse habitant de l’autre côté du fleuve qu’il a observée à la longue vue, avec qui, il a échangé des p-mails (messages courts transportés par pigeon) et il s’est mis en tête d’aller se faire embaucher au château. Heureusement, la princesse est loin d’être conventionnelle et sa situation plutôt désespérée pourrait lui faire apprécier le secours d’un garçon débrouillard et dévoué.

Un conte de fées facétieux

Jean Ferris a inventé des personnages drôles et attachants. Le troll surprend avec ses formules (déformations de proverbes connus) et amuse avec son entêtement à briser le monopole de la reine Mab sur le commerce des dents de lait. Au début du roman, la détermination naïve et enfantine de Christian est charmante, puis lors de son arrivée au château, son innocence des usages du monde est désarmante, et son entêtement amoureux et ses ressources et trouvailles séduisent. On compatit rapidement au sort de Marguerite, tenue à l’écart comme une pestiférée parce qu’elle peut deviner à leur contact les pensées des autres, et contrainte par sa mère à subir la cour de prétendants, tous plus intéressés et inintéressants les uns que les autres. Même les chiens (Belzébub et Hécate ainsi que Filou, Lilou et Pilou) et les pigeons sont dotés de caractères distincts. Et la reine Olympia est parfaite de calcul, d’insensibilité et de manigance dans le rôle de la terrible marâtre qui persécute ses enfants et ses sujets, empoisonne son mari et n’a d’affection que pour Fédor, son furet.

Ils se marièrent et vécurent heureux jusqu’à ce que…

L’auteur transpose des éléments de notre société (correspondance par mail, stratégies commerciales) dans un environnement de conte de fées traditionnel et ça fonctionne plutôt bien. Elle fait des liens familiaux une des clés de voûte de son histoire. Même si comme dans tout conte de fées qui se respecte, il y a des secrets sur la naissance des uns ou des autres qui se dévoilent au cours du récit, les protagonistes comprennent l’importance des fratries et des sentiments filiaux : les parents sont ceux qui prennent soin des enfants, qu’ils soient liés par le sang ou non. Le rebondissement final pourrait laisser penser que l’auteur prépare une suite. Elle s’en défend sur son site Internet (http://www.jeanferris.com, en anglais) expliquant que c’est juste une façon d’illustrer qu’aucun de nous ne sait ce que l’avenir lui réserve et que nous ne devons pas perdre cela de vue… Espérons que l’avenir nous offrira un autre livre de cet auteur dans cette savoureuse veine, tendre et souriante.

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