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La Menace communiste

Mathieu Sapin (Scénariste, Dessinateur), Delphine Chedru (Coloriste, Coloriste)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/05/05  -  BD
ISBN : 220505709
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charlotte   - le 31/10/2017

La Menace communiste

Né en 1974 à Dijon, Mathieu Sapin fait les Arts décos de Strasbourg, établissement prestigieux qui a vu naître le super héros Supermurgeman, qui ressemble fort à un délire estudiantin, grâce à une distribution intensive de fanzine (dix exemplaires !). Son héros va par la suite déménager au Psychopat avant de retrouver ses aventures rassemblées dans un album publié aux Requins Marteaux, Supermurgeman joue et gagne, qui sera nominé à Angoulême et pour le Prix René Goscinny. La collection Poisson Pilote de Dargaud, l’accueille aujourd’hui à côté d’auteurs tels que Blain, Sfar ou Satouff dont il est devenu le compagnon d’atelier.

« Le souffle de la Révolution n’est pas mort, camarades ! Le Che va renaître de ses cendres et balayer les piliers du capitalisme. »

Encore une belle journée ensoleillée sur l’île de Supermurgeman, mais tout ne semble pas tourner rond. Sheila, la femme de notre héros, d’habitude si gentille et soumise et qui sait faire la vaisselle comme personne, décide de partir du domicile conjugal après avoir reçu la visite de deux drôles de types qui lui ont fait lire Karl Marx. Fort heureusement, une coach, relookeuse et experte en relations conjugales, Roberta Lovelove, vient tout juste de s’installer dans le coin, Supermurgeman s’empresse d’aller lui demander conseil.

Au large de l’île mouille le Potemkine 2, un bateau avec à son bord une armée de néo-bolcheviks fomentant un coup d’Etat. Ils sont aidés par le Sorcier, ennemi juré de Supermurgeman, qui doit ressusciter Che Guevara. Pendant ce temps, les financiers de la SOFROCO GEDEC décident de faire élire Supermurgeman tyran de l’île afin de pouvoir étendre le capitalisme à toute l’île.

Pendant ce temps encore, le Professeur Tannenbaum se prend pour le Professeur Frankenstein et invente un sérum pour ressusciter les cafards qui bientôt domineront la Terre.

Pendant ce temps encore, encore, des agents secrets portugais Roberto Pinheiro 002 et Roberto Pinheiro 003 se sont infiltrés sur l’île afin d’éradiquer la menace communiste.

Enfin, on comprendra les raisons qui ont poussé, Etronman à changer de nom pour devenir Monsieur Chocolat.

Et si c’était grâce au petit Nourredine que tout cela finira bien ?

« - Alors c’est bien fini ? Tu ne parleras plus de lutte des classes et de toutes ces fadaises ?...
- Promis, camarade ! »

Vous n’avez rien compris au résumé ci-dessus et c’est parfaitement normal. Raconter l’intrigue de ce deuxième tome de Supermurgeman relève de l’exploit tant l’album brille par son non-sens, ses ruptures de narration, ses interludes et autres trouvailles narratives du même style. L’intrigue pour ainsi dire n’a ni queue, ni tête, les personnages apparaissent et disparaissent presque aléatoirement et l’absurde règne en maître.

Heureusement, il y a des constantes, et l’une d’entre elles est, bien sûr, notre super héros Supermurgeman. Rappelons que ce grand blond benêt fait respecter l’ordre et appliquer la loi sur l’île grâce à son super pouvoir qui n’est autre que vomir sur ses ennemis après avoir ingurgité quelques litres de sa super-murgebière (vieux reste de délire estudiantin et potache). Toujours aussi couillon, il est une fois encore totalement dépassé par les événements et manque en plus de se faire plaquer. Dans cette aventure, il quittera un temps son célèbre slip rouge à pois et ses bottes assorties, pour le même costume mais cette fois en rose et imprimé léopard ou encore le modèle treillis, mais garde sa crétinerie légendaire.

Mathieu Sapin s’en donne à cœur joie en mettant en scène le combat des deux grands systèmes économiques qui régissent et pourrissent la vie des gens, j’ai nommé le communisme et le capitalisme. Il charrie tous les clichés de l’un et de l’autre et n’hésite pas une seconde à égratigner au passage, avec un irrespect jubilatoire, les grands noms de la doctrine soviétique de Marx au Che, qui a d’ailleurs pris sa retraite, vous n’étiez pas au courant ? Pour l’occasion, il nous ressort donc tout le folklore coco du Potemkine aux statues géantes, sans oublier la démocratie tyrannique.

Cette parodie à l’humour décalé ne serait rien sans les dessins au trait simple et minimaliste rehaussé de couleurs pétantes à souhait. Le découpage extrêmement carré (3 cases par 4) et les mini chapitres qui rythment le récit donne un peu de stabilité et de logique à cette aventure totalement ubuesque dont les rebondissements semblent parfois tout droit sortis d’un sac à malice.

Pour finir, je reprends mot pour mot ma conclusion à propos du premier tome : « Entre la blague estudiantine un peu grasse et le délire personnel, Supermurgeman est un ovni qui fleure bon l’anti-conventionnel. »

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