BD
Photo de Le Feu sacré

Le Feu sacré

Marc Tessier (Scénariste), Alexandre Lafleur (Dessinateur), Lorien (Coloriste)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 30/06/05  -  BD
ISBN : 2847892125
Commenter
Nathalie   - le 31/10/2017

Le Feu sacré

Né en 1962 à Drummondville au Québec, Marc Tessier s’initie à la BD durant son enfance en lisant les recueils de Spirou de sa mère. Vrai passionné de l’image, il s’oriente d’abord vers le cinéma en suivant des cours de scénarisation, de réalisation et de montage, puis vers la photographie. Septième art, huitième art, il évolue naturellement vers le neuvième en 1987 en devenant scénariste et éditeur de BD. Ses recherches personnelles sur les mythes, la spiritualité et les cultures tribales ainsi que ses voyages nourrissent son œuvre. A la fin des 4 tomes d’Abinagouesh, il projette de réaliser un projet utilisant la photographie autour de la famille et du temps qui passe. Son mariage et la naissance de son petit garçon ne sont sans doute pas étrangers à cette nouvelle piste.

Son complice Alexandre Lafleur a vu le jour à Montréal en 1972. Autodidacte, il ne lésine pas sur les moyens pour se documenter sur les sujets qu’il traite puisque pour ce thème du chamanisme auquel ils réfléchissaient depuis un certain temps avec Marc Tessier, il est allé passer trois ans au cœur de la forêt québécoise dans une petite communauté du Trémiscouata.

Lorien, le troisième homme de cet album a commencé sa carrière de coloriste dans la veine humoristique d’abord en février 2004, Les Blagues de Toto (3 tomes à ce jour chez Delcourt), puis début 2005, Le Donjon de Naheulbeuk chez Clair de Lune. L’album pour la jeunesse Piraterie de Michael Roux lui offre sa première incursion dans un monde imaginaire tendre, direction qu’il explore encore plus dans Abinagouesh.

« Abinagouesh est un sauvage, il n’a pas d’amis à part Tchicou et les fées »

Abinagouesh est un jeune garçon très sensible et doué pour percevoir le merveilleux. Son père l’initie au secret des plantes, sa grand-mère lui révèle la nature magique des graines de nymphéa et l’envoie chercher des braises du feu sacré. Mais pendant la fête du Soltice, le grand chaman Kalmar prédit qu’un grand Mal va s’abattre sur leur peuple et prétend qu’Abinagouesh n’a pas assez de folie dans ses yeux pour devenir chaman. Les rêves du jeune garçon semblent donc en péril, tout autant que la paix dans laquelle a vécu sa tribu…

Des traits merveilleusement fins

Les premières planches donnent le ton graphique de cette saga qui se déroule dans des paysages à la fois somptueux et étranges rehaussés par des ambiances très finement installées. Les scènes domestiques manquent davantage de relief. Les passages liés aux visions bénéficient d’un traitement des couleurs remarquable. Lorien joue sur la luminescence voire sur la phosphorescence et utilise une palette psychédélique pour obtenir un rendu des « hallucinations » et autres phénomènes surnaturels.
 
Une intrigue effroyablement mince

Le premier parti pris regrettable dans cette série est celui de la situer dans un monde imaginaire qui, certes, mise sur l’engouement pour les univers féeriques (Brian Found, Alan Lee, et plus récemment Civiello ) mais qui décrédibilise l’approche du chamanisme.
 
Cet album pèche également par son rythme, là aussi sans doute une volonté des auteurs de nous ramener à une conception du temps plus proche de la nature, mais qui ne réussit qu’à impatienter le lecteur, à l’agacer par la profusion de détails, par les événements qui semblent être délayés à l’extrême. Cette série prévue sur quatre tomes aurait sans doute gagné à être resserrée en trois opus.

Finalement, le défaut majeur d’Abinagouesh, c’est un manque de cohérence, un flou dans ses objectifs. Présenté comme un titre « tout public », ne les manque-t-il pas tous ? Les plus jeunes à cause des noms compliqués et des mises en scène parfois trop torturées (la vision du lièvre par exemple). Les adultes eux seront plus rebutés par une mise en place trop lente avec des épisodes un peu gratuits et des situations convenues (un enfant isolé par ses différences, une tribu menacée).
 
Les auteurs devraient songer à mieux sélectionner les branches, brindilles et ficelles de leur histoire pour raviver l’intérêt de leurs lecteurs.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?