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La Possibilité d’une île

Michel Houellebecq ( Auteur), Guilhem Nave (Illustrateur de couverture)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/08/05  -  Livre
ISBN : 2213625476
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Jerome   - le 20/09/2018

La Possibilité d’une île

Né en 1958 à la Réunion, Michel Houellebecq commence sa carrière littéraire par la publication de poésie dans les années 80. En 199,1 il publie une biographie de Howard P. Lovecraft. Son premier roman Extension du domaine de la lutte suit trois ans plus tard. La consécration vient avec Les Particules élémentaires (traduit en 25 langues) puis avec Plateforme, autre énorme succès de librairie. Sa carrière installée, les éditions Fayard ont fait de La Possibilité d’une île un roman événement, presque plus un coup marketing qu’une sortie littéraire exceptionnelle. Résultat un gros débat avant sa publication alors que bien peu l’avaient lu...

Du cynisme à l’humour jusqu’au désespoir (ou l’inverse)

Daniel est un comique connu, reconnu et adulé. Il a bâti sa carrière autour d’un humour cynique et sans concession, jetant un regard désabusé sur ses contemporains et sur lui-même. Une carrière et une vie qu’il nous raconte dans La Possibilité d’une île jusqu’à la promesse d’une immortalité faite par une secte qui parvient à l’embrigader.

Déprime et détachement

Vous l’aurez compris, La Possibilité d’une île est une autobiographie du personnage Daniel, entrecoupée des commentaires de ses clones dans le futur. Une sorte de retour sur lui-même et d’analyses sur-commentées par ses copies. Le résultat n’est pas inintéressant. L’existence de ces clones dans le futur permet de donner un nouvel éclairage sur la vie de Daniel puis peu à peu de décrire par petite touche un univers futuriste. Tout cela serait parfait s’il n’y avait pas la posture du personnage principal. En jetant un regard cynique, désabusé et décalé sur son existence (un peu du style, « ma vie fut vide, elle ne valait pas la peine d’être vécue »), il reste très en dehors de son récit, se détachant de toutes les émotions qu’il a pu ressentir. Il n’y a pas de colère ou de joie dans ce roman. Ou plutôt il n’y a pas de colère ou de joie vécue directement. Tous les moments passés sont vus avec du recul et entrecoupés de réflexions sur l’existence. Malheureusement, l’effet est identique pour le lecteur. Si Daniel se met en dehors de sa vie, nous ne rentrons pas plus dans le récit. Impossible de s’identifier, d’être pris par son récit, de se laisser embarquer. Michel Houellebecq nous laisse un peu à la porte. Ce n’est pas désagréable à lire, non. C’est juste que nous sommes spectateurs. Il faut reconnaître que l’écriture de l’auteur, orientée par le cynisme de son personnage est efficace. Désabusée, sa plume atteint son but. On ressent cette déprime du personnage. Mais sur 485 pages, c’est long. 485 pages à rester à l’extérieur du récit, il y a de quoi s’ennuyer autant que le héros par moment. Bref, on peut reconnaître que le procédé est intéressant et que sur ce plan là, La Possibilité d’une île est un roman réussi techniquement. Mais difficile de s’emballer pour l’histoire. Dommage...

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