Les éditions AK ont débuté une nouvelle collection toute féerique en petit format (120 x 170 mm). Après les Carnets féeriques de l’Herboriste et Le Bêtiser féerique, voici les Poèmes féeriques, comme il se doit, de Victor Hugo.
L’illustrateur Patrick Larme, né à Lyon en 1961, aime dessiner depuis son plus jeune âge ce qui le conduit aux Beaux Arts. Les amateurs de fantasy ont à coup sûr déjà croisé son trait talentueux au détour d’une couverture de livres publiés par Nestiveqnen ou dans le récent – et très bon – Dictionnaire féerique chez L’Oxymore.
“Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,
Troublent les morts couchés sous les pavés des salles.”
Trois poèmes extraits des Odes et Ballades et des Chansons des Rues et des Bois, deux recueils de Victor Hugo, composent ce joli livre. Comment les résumer ? Mieux vaut vous donner un petit aperçu :
“Avec des cris, des chants, des soupirs, des abois,
Voilà que de partout, des eaux, des monts, des bois,
Les larves, les dragons, les vampires, les gnômes,
Des monstres dont l’enfer rêve seul les fantômes,
la sorcière, échappée aux sépulcres déserts,
Volant sur le bouleau qui siffle dans les airs
Les nécromants, parés de tiares mystiques
Où brillent flamboyants les mots cabalistiques,
Et les graves démons, et les lutins rusés,
Tous, par les toits rompus, par les portails brisés,
Par les vitraux détruits que mille éclairs sillonnent,
Entrent dans le vieux cloître où leurs flots tourbillonnent
Debout au milieu d’eux, leur prince Lucifer
Cache un front de taureau sous la mitre de fer ;
La chasuble a voilé son aile diaphane,
Et sur l’autel croulant il pose un pied profane.
“Les récits de grand-mère
Et les signes de croix
Ont mis une chimère
Charmante, dans les bois.”
A tous les écoliers qui le redoutent encore, à tous les adultes aigris qui le relèguent au rayon des livres poussiéreux, à tous ceux qui n’ont retenu de Victor Hugo que ses longs poèmes, qu’ils croient à tort ennuyeux, ou que ses Misérables jamais terminés (Mais comment est-ce possible ?), ce petit livre est un achat prioritaire.
En trois poèmes, Hugo nous convie à un Sabbat infernal avant de nous faire rencontrer un Esprit des Bois et de chanter bientôt la retraite paisible et calme de la campagne peuplée de créatures qui permettent au poème d’éclore.
Les illustrations à l’aquarelle de Patrick Larme sont pleines de magie et font découvrir page après page la bouille d’un lutin facétieux, le portrait d’une hideuse sorcière juchée sur son balai, l’ombre menaçante d’un gnome ou la danse aérienne d’une fée. Elles font vivre les vers si modernes d’Hugo. Un joli livre qui trouvera sa place sur l’étagère consacrée à la féerie et que l’on ressortira pour bercer ses nuits de songes “fabuleux”.