Alain Le Bussy est né en 1947 à Liège et est publié professionnellement depuis 1992 mais est une figure de fandom européen depuis les Années 70. Plusieurs fois récompensé, il est adepte d'une science fiction artisanale et classique et s'essaye aujourd'hui à la saga spatiale.
Nous sommes en 2327. Grâce à une technologie de saut hyper spatial, la colonisation de l’univers est désormais accessible à presque tout le monde. Par le biais d’une association (L’ADEL, Association de Développement de l’Espace Lointain), un vaisseau spatial, le Charleville, est affrété.
Des hommes et des femmes d’origines sociales diverses et principalement européens, partent ainsi pour un voyage sans retour. La nouvelle colonie qu'ils espèrent fonder porte tous leurs espoirs. Ils devront choisir avec un soin tout particulier son emplacement parce qu’elle est appelée à devenir un carrefour commercial de tout premier ordre. C'est du moins ce qu'ils avaient prévus à l'origine.
Car suite à une mutinerie le navire est gravement endommagé et les colons se retrouvent obligés d'atterrir en catastrophe sur une des deux planètes du système dans lequel ils croisaient alors.
C’est par les yeux de Jean Delaisse, le chef de l’expédition, que nous vivons l’essentiel des aventures des colons du Charleville. Delaisse n’est pas un combattant, ni un super pilote, ni un héros à la Vance. C’est juste un homme avec ses désirs, ses peurs, ses échecs, son mariage. On le voit Le Bussy privilégie avec bonheur l'aspect humain de cette saga spatiale à la sauce européenne. Car dans ce roman, pas de noms à consonance américaine mais plutôt des noms hollandais ou français. Un parti pris rafraîchissant et suffisamment bien amené pour éviter tout côté ringard.
Autre personnage important, le vaisseau lui-même, qui, vu par les yeux de Delaisse des membres d'équipage devient un membre à part entière de l’expédition. Cela confère au roman un vernis de réalisme et nous laisse parfois presque l'impression de lire une chronique historique plutôt qu'un ouvrage de SF.
Le Bussy, avec un résumé rapide de la conquête spatiale et une découverte progressive de la vie dans le vaisseau, réussit à installer une véritable ambiance. Jouant parfaitement sur l’atmosphère confinée du vaisseau, il fait croître la tension jusqu'à son paroxysme lors de la révolte.
Dilterre est finalement plus un récit de marins et de colons qui sont victimes de leurs passions ou de leurs haines. Bien mené et remarquablement bien écrit, on espère que la suite du cycle d’Aqualia tiendra ses promesses.
A noter aussi, comme toujours chez Eons, la présence en fin de volume de deux petites nouvelles sympathiques.
La première, Odeur d’une brise d’été de Jean-Michel Armand repose les questions des rapports entre l’homme et la machine, et souffre d’une fin un peu prévisible.
La seconde de William Voltz date de 1967 et par conséquent fleure bon la Guerre Froide. « Ils » nous menacent, "ils" sont le danger immanent, "ils" sont partout… Que faire pour les contrer ? La chute est très bien vue et donne envie de relire des grands classiques de l'Âge d'Or.