charlotte
- le 27/09/2018
Les 3 petits cochons
Les éditions Emmanuel Proust lance une nouvelle collection jeunesse. La ligne éditoriale choisie est d’instruire en divertissant. Premier album a être publié : une réécriture des Trois Petits Cochons. Au scénario Tarek, scénariste prolifique. Habitué des bandes dessinées pour enfants, ses séries Cyrill et les Ombres du Bois cendré et Les Aventures d’Irial ont d’ailleurs reçu de nombreux prix jeunesse, et auteurs des éditions Emmanuel Proust, il n’est en rien étonnant qu’il ouvre le bal de ces contes remis au goût du jour.
Il retrouve pour l’occasion Aurélien Morinière, le dessinateur des Aventures d’Irial et de Demon Yäk. Titulaire d’une Maîtrise en Arts Plastiques et Science de l’Art, il s’essaye à diverses formes d’art, comme la peinture abstraite ou aux grandes installations de Land Art, c’est grâce à sa rencontre avec Tarek qu’il se lance dans la bande dessinée.
Shalom et Salam, mes deux loups : « Le comité des jeunes lecteurs vous a choisis pour vivre une aventure extraordinaire…
Shalom et Salam, deux loups pacifistes et qui ne mangent pas de porc, sont convoqués par un magicien dans la grande forêt humide. Ce dernier leur apprend qu’ils sont les heureux élus d’un nouveau conte qui va dépoussiérer les anciens : La Véritable Histoire des Trois Petits Cochons. Après s’être perdus pendant des cases dans la grande forêt humide, nos deux loups apprennent avec horreur que leur mission est la suivante : être de grands méchants loups et dévorer les cochons. Quoi ! Mais c’est impossible, d’abord nos deux loups ne mangent pas de cochons et ensuite, ils en ont un peu assez de se faire traiter de méchants alors qu’ils n’ont rien fait ! Pourtant, le gardien des contes est bien décidé à tout mettre en œuvre pour les forcer à accomplir leur mission…
… Les pages sont comptées. Alors écoutez ce que j’ai à vous dire. »
Avec humour et fantaisie, les auteurs dépoussièrent et remettent au goût du jour les Trois Petits Cochons, conte popularisé par Walt Disney. L’entreprise est louable et la leçon de tolérance est plutôt fine. Plutôt que de grands discours sur le racisme et les différences culturelles, Tarek a choisi une manière plus légère d’aborder ces thèmes avec une fable animalière et pourtant humaniste. Morinière garde les codes du conte. Plutôt que d’humaniser à outrance ses personnages, il choisit de garder l’aspect des animaux et ne se contente que de les habiller. Svart préfère rehausser les planches de couleurs douces alors qu’il aurait été facile de tomber dans le tape-à-l’œil des teintes vives.
L’album est plutôt sympathique dans son ensemble, il souffre néanmoins de quelques petites faiblesses qui ne dérangeront pas le jeune lecteur mais qui retiendront l’attention des plus vieux. La très bonne idée du Lutin vert qui guide l’enfant est par exemple insuffisamment exploitée. Ses interventions explicitent certains mots, comme la signification des noms des deux loups, Salam et Shalom. On s’attendait à ce que ses interventions ponctuent régulièrement l’album et qu’il devienne une sorte de porte-parole des auteurs. Malheureusement, il disparaît rapidement et son absence se fait cruellement sentir.
Autre fausse note, à l’instar des albums d’Astérix – auquel ils rendent un hommage final -Tarek et Morinière veulent toucher le jeune lectorat ainsi que leurs parents, d’où une histoire simple à lire mais émaillée de références diverses. Un pari à moitié réussi, les enfants adhèreront au récit, mais les adultes resteront plus dubitatifs face aux clins d’œil comme la Fée Bébéh, caricature de Brigitte Bardot. Les enfants ne s’attacheront pourtant pas à ces détails et s’amuseront certainement avec tous les protagonistes de cette réécriture de conte réussie.