Planète Immobile
La première des aventures de Benjamin Jamet, l’extra-terrestre amnésique, se passait dans la France de la Quatrième République, l’heure de gloire du cinéma français et de ses héros rudes, bourrus et impitoyables. Jamet est un peu de ce moule-là, un Gabin froid, un Ventura sans l’humour. Lui et sa compagne ont enfin quitté la Terre à la recherche de leurs origines, espérant retrouver un monde qui soit le leur, même s’ils n’en gardent aucun souvenir.
Planète claire-obscure
Ce qu’ils trouvent, malheureusement, n’est pas à la hauteur de leurs espérances. La planète a été divisée en deux, une face toujours au soleil et une oujours dans l’ombre. Du côté du soleil, des humains survivent comme ils peuvent dans les ruines de leur civilisation perdue. Sur le côté nocturne, les extra-terrestres (qui ne supportent pas la chaleur) ont pris possession de la planète et mis les humains en esclavage.
Jamet et ses alliés vont devoir survivre à la planète elle-même, et plonger dans les restes d’un monde perdu pour trouver une réponse à son origine. Non seulement à son origine, mais aussi à sa nature, car Jamet, sans le savoir, est un tueur-né programmé pour abattre les extra-terrestres. Et maintenant qu’il est en contact avec eux, il découvre ce talent avec une certaine appréhension...
Tout en contrastes
Dave écrit et dessine son travail sans faire de compromis. Le graphisme est un noir et blanc plus proche de Blutch que de Tardi, ce qui est parfait pour illustrer une planète qui, elle aussi, ignore le juste milieu. Le scénario, de même, ne fait pas de demi-mesures. En fait, il s’agit d’une aventure à l’ancienne, qui ne s’encombre pas de dilemmes moraux ou psychologiques, et qui ne cède pas à la tendance postmoderne de l’auto-dérision.
En bref, Jamet sait où il va, et il nous emmène avec lui. Le voyage vaut le détour.