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Photo de Okiya, la maison des plaisirs défendus

Okiya, la maison des plaisirs défendus

Jung & Jee-Yun (Scénariste, Dessinateur)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/01/06  -  BD
ISBN : 2847890998
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Magda   - le 20/09/2018

Okiya, la maison des plaisirs défendus

Jun est un auteur et illustrateur d'origine coréenne à qui l'on doit déjà une tétralogie, Yasuda (à partir de 1991), et deux trilogies chez Delcourt, Kwaidan et La jeune fille et le vent (1997, avec Martin Ryelandt au scénario). De nouveau situé dans le Japon médiéval, Okiya est le résultat d'un défi entre lui et Jee-Yun, son épouse, qui se lance ici dans le scénario, après avoir participé aux tomes 2 et 3 de Kwaidan. Ils ont d'ailleurs poursuivi leur collaboration sur le premier tome d'une nouvelle trilogie, La danseuse du temps.

Village d'Insumi, an 3 de l'ere Keian, époque d'Edo

Le jeune samouraï Yasunari voyage vers Sakaï et Osaka, à la recherche d'un nouveau maître. Arrivé à la tombée du jour dans un petit village, il se heurte partout à des portes closes, et se décide finalement à passer la nuit dehors, le ventre vide. Tandis qu'il s’apprête à se résigner à son triste sort, une jeune fille surgit soudain du brouillard, et l'invite dans sa demeure, une grande okiya (maison close) toute proche. Il est reçu tout autrement que dans le village: l'okka-san lui offre à manger, un gite pour la nuit, et même beaucoup plus. Mais un mystère semble planer sur la demeure et les très belles hôtesses. Un mystère que Yasunari n'aura de cesse d'élucider...

Un conte plutôt réussi

Bien que l'élément érotique soit abondemment présent, il n'est pas le pivot central de l'histoire, et c'est tant mieux : parvenir à maîtriser une histoire entièrement axée sur le sexe est loin d'être évident, et n'a réellement été réussi qu'à de rares occasions (L'Empire des Sens, mais sinon ? Jee-Yun a plutôt construit un conte fantastique de structure classique, avec, ajoutés au récit principal, trois « récits dans le récit » qui permettent de dévoiler lentement une histoire pleine de la haine et de la lâcheté ordinaires, où les hommes apparaissent comme faibles et lâches, entièrement submergés par leurs désirs, et incapables d'assumer leurs actes, tandis que les femmes attendent leur heure pour montrer leur cruauté. Jee-Yun parvient à faire passer une situation complexe, où les personnages ont des réactions qui sonnent juste, à travers un récit finalement relativement simple, tout à fait dans l'esprit des contes anciens. Une approche qui évite la plupart des écueils de la littérature érotique, et qui, même en l'absence des scènes érotiques, aurait offert une lecture agréable. Et c'est déjà beaucoup...

 

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