Je suis un héros

Je suis un héros

Marie-Aude Murail est une boulimique de l’écriture. En 20 ans de carrière littéraire, elle a publié pas moins de 70 livres dans tous les genres : essais, romans d’amour, contes, policiers, aventures, feuilletons… Une belle production qui lui a valu quelques prix… Je suis un héros rassemble en fait 4 récits jeunesse sur les aventures de Serge T., un gamin de 11 ans qui entre au collège…

Serge, Thomas et les autres…

Serge T. vit sa première année au collège. Et comme pour tous les pré-adolescents, c’est une grande année de changement. Celle où il voit son frère s’éloigner de lui. Celle où il commence à être victime de la mode pour faire comme pour ses copains. Celle où il découvre que les filles peuvent être drôlement jolies. Celle aussi des premières bêtises…

Oui… mais…

Serge T. est un petit garçon comme les autres : attachant, poli, un peu naïf et turbulent, il fait bien son âge sous la plume de Marie-Aude Murail. Assez courtes et accessibles, ses aventures bénéficient en plus d’une mise en forme spéciale. A la maquette, l’éditeur (et sans doute l’auteur), ont modifié la taille de la police en fonction des intonations de la narration. Un chuchotement est écris en petit alors qu’un cri est quatre fois plus grand. On reste dubitatif sur l’efficacité de la méthode. Cela a au moins le mérite de l’initiative et cela ne gêne pas la lecture. Par contre, il y a un vrai côté démodé. Ecris en 2000, Marie-Aude Murail a multiplié dans ses textes des références d’une autre époque. Par exemple Serge T. veut être un « zoulou » et s’habiller comme tel. Un anachronisme qu’elle assume sur son site internet (www.marieaudemurail.com), déclarant « Je l'ai fait sciemment, sachant que dans quelque temps, les photos jauniront et laisseront chez le lecteur comme un peu de nostalgie amusée. C'était le prix à payer pour atteindre ces lecteurs récalcitrants qui pensent que dans les livres il n'y a rien pour eux, rien qui leur ressemble. ». Il y a six ans, on pouvait déjà se demander si les débuts du Verlan, les zoulous et les anarchistes étaient encore de mise dans les cours de récré au collège. On imagine sans mal qu’ils sont aujourd’hui passés de mode. Comment dans ce cas les pré-adolescents de 2006 peuvent-ils s’identifier à son héros et à ses envies ? Evidemment, ils sont loin d’être bête et sauront sans doute comprendre que le fil conducteur des récits de Marie-Aude Murail dépasse les questions de modes et d’actualité. Néanmoins, leur intérêt sera sans doute moindre et ils se reconnaîtront un peu moins dans les héros. Dommage. Une réactualisation avec les codes d’aujourd’hui ne serait peut-être pas inutile…