Anti Norifumi

Anti Norifumi

Jean-Marc Rivet est un auteur français hors-norme. Venu tard à l'édition, il publie d'une part un livre de photo-modelage (Identité X) et d'autre part une suite de romans de science-fiction basés autour d'un personnage central, à la fois homme et machine, sorte de surhomme invincible : Norifumi.

Jusque où peut-on se renier soi-même ?

Norifumi et ses amis ont décidés de quitter la Terre pour parcourir la galaxie. Peu de temps après leur départ, ils rencontrent un vaisseau extra-terrestre étrange. Utilisant ses capacités extraordinaires, le héros arrive à entrer dans la nef qui ressemble à une réplique de Venise au XVIème siécle, mais laissée à l'abandon. Il y rencontre des aliens occupés à préparer l'élection de leur nouveau Pape.
Les terriens se retrouvent vite pris au milieu d'une lutte d'influence entre factions rivales. La situation se complique rapidement lorsque se dévoile une sombre machination qui s'ourdis contre les occupants du vaisseau depuis des siècles. Ils sont forcés de choisir un camp lorsque le vaisseau est attaqué. Au mépris de tout ce à quoi il croit, Norifumi utilisera tous les moyens nécessaires pour tenter d'enrayer le conflit et ramener la paix. Mais ne risque-t-il pas de se perdre lui-même dans cette histoire qui ne le concerne pas ?

Un étrange objet littéraire

Ce livre n'est pas un simple roman de science-fiction. L'auteur a décidé d'emblée d'un parti-pris, celui de bousculer tous les à-priori et donc au passage l'innocent lecteur. En ceci, l'écrivain et son héros se retrouvent, sortant du lot par leurs différences et leur volonté de se démarquer du troupeau.
Ce qui est repérable immédiatement, c'est l'étrange écriture de ce roman. Faisant fi de tous les cadres habituels, mélangeant sans arrêt les styles, Rivet nous secoue par les libertés qu'il prend avec la norme littéraire et la langue française. Il arrive à passer du dialogue à l'introspection pour finir par de la narration en une seule phrase. Au début, l'impression n'est pas désagréable, mais devient lassante au bout de quelques chapitres. De plus, ce style, ou plutôt cette absence de style, rend la lecture plus difficile. Lors de certains passages, la compréhension de la trame de l'histoire tend vers l'obscur.
Peu à peu se dessine en arrière-plan une volonté de destructurer tout autant la notion même d'intrigue et le découpage habituel des romans. L'histoire saute parfois sans explication d'une situation à une autre, les enchaînements ne sont pas toujours logiques. La chute finale, en particulier, est tellement mal amenée qu'elle n'est pas tout de suite compréhensible.
Il est intéressant de rencontrer des auteurs qui cherchent à briser les clichés, sortir des cadres établis et à bousculer le lecteur. Toutefois, cela ne peut donner de bons résultats que si l'écrivain dispose du talent nécessaire à faire passer ses idées sans perdre ni ennuyer celui qui accepte de jouer le jeu. Ce n'est pas le cas de Rivet.
Ce que l'on peut retenir de ce livre, c'est qu'il est un bon brouillon de ce qui pourrait être une excellente histoire.