Le rival
Né en 1965, Eric Liberge est un auteur à part. Il fait partie de ses dessinateurs dont le style est unique et reconnaissable entre tous. C’est sans doute ce qui a fait tout le succès de la série Monsieur Mardi-Gras Descendre. Une série qui a reçu le prix Gosciny en 1999 et qu’il vient de terminer chez Dupuis il y a quelques mois avec un quatrième tome splendide. Depuis il s’est lancé dans l’aventure des Corsaires d'Alcibiade avec pour coéquipier Denis-Pierre Filippi, scénariste notamment d’Orull, le faiseur de nuages, de Marshall ou du Livre de Jack.
Chasseurs de trésor de luxe
Curtis, Maryline, Mike, Lydia et Peter sont cinq jeunes gens aux capacités au-dessus de la moyenne, qu’elles soient physiques ou intellectuelles. C’est d’ailleurs ce qui leur a valu d’être embauché au service de sa majesté britannique dans l’organisation Alcibiade. Ils sont notamment charger de ramener à la couronne des trésors perdus ou cachés aux quatre coins du globe. Mais dans leur course, ils ont un rival de poids : Edinger. Un rival sur lequel l’organisation n’est pas très bavarde. Aurait-elle des choses à cacher ?
Une série d’aventure mais un dessin décevant.
Avec Les Corsaires d'Alcibiade, bienvenue dans la BD d’aventure. Bardés d’innovations technologiques au début du XIXème siècle, les héros sont à la recherche d’un fabuleux trésor à ramener à leur organisation. Mais plus que l’enchaînement des événements dans ce scénario, ce qui est intéressant ici ce sont les doutes et les interrogations de ces cinq jeunes gens. Ils étaient fiers de faire partie de l’élite de leur pays et peu à peu ils déchantent devant la dureté de leurs chefs et leurs silence. Comme si Alcibiade n’avait pas que des objectifs louables. C’est d’ailleurs cette organisation et le mystère qui l’entoure qui posent le plus de questions. Car en multipliant les personnages principaux, Denis-Pierre Filippi tarde à donner à chacun un caractère fort. Il n’y en a aucun qui se dégage du groupe. On a le sentiment qu’ils sont presque interchangeables. Et malheureusement le dessin de Liberge n’aide pas beaucoup à les différencier et il faut parfois faire un effort pour retrouver qui est qui d’une case à l’autre et pour ne pas faire de confusion. Et ce n’est que l’un des griefs que l’on a contre les planches d’Eric Liberge. Lui qui nous avait ravis sur Monsieur Mardi-Gras Descendre ou sur Tonnerre Rampant est ici décevant. On ne retrouve pas la finesse de son trait. La multiplication des cases et des dialogues rendent l’ensemble difficile à suivre et surtout, on bute sur certains dessins vraiment ratés. Dommage lorsque l’on sait tout le talent de l’artiste. Ici on s’embrouille, on relis les pages pour être sur de ne rien avoir manquer et l’on peine à s’emballer. Espérons que la suite nous réconcilie avec son talent.