Soizik

Soizik

Balac est connu principalement pour avoir réalisé les dessins de l’extraordinaire série Sambre, avec Bernard Yslaire. Joël Parnotte est l’auteur des séries Les Aquanautes et Hong-Kong Triad, avec Vincent Mallié, et de Un Pas vers les Etoiles, avec Jérôme Félix.

Quelque part dans l’histoire...

Le moment n’est pas bien défini. Peu avant la Révolution, peut-être. Eventuellement après, dans ces décennies où la Bretagne était chouanne ou républicaine, blanche ou bleue, encore bretonne. Un temps, de toutes façons, où les sangs aristocratiques comptent encore pour beaucoup. Pour tout, peut-être. Et où ceux qui chassent leurs seigneurs s’exposent à la malédiction.

L’endroit est n’importe lequel de ces villages de l’Armor, où les habitants mêlent allègrement la terre et la mer, la paysannerie et le pillage des naufragés, le breton et le français, et survivent dans les eaux saumâtres qui flottent entre deux états. Aucun n’est tout bon ou tout mauvais, personne n’est physiquement parfait ni entièrement sans beauté. Les seules choses qui sont définies absolument, dans Le Sang des Porphyre, sont les couleurs du ciel au coucher du soleil, la pénombre des rochers marins, la nuit, la lune et les feux de camp. Et puis aussi le sentiment oppressant que fait vivre, là-bas, le cadavre goudronné et momifié du dernier seigneur du clan Porphyre, pendu pour ses crimes impardonnables.

Droit de Bris

Soizik n’en sait rien, de tout cela, et elle n’en a cure. Elle vit comme elle peut. Quand un jour, elle voit un splendide collier au cou d’une naufragée, elle le prend. Elle n’est pas la seule à voler les morts: chacun le fait et chacun s’en défend. Elle doit cacher son butin.C ‘est pour le retrouver qu’elle va faire la connaissance du dernier des Porphyres, dans son monde reclus et angoissant, tout droit sorti de chez le Kornik, chez le diable.

Elle n’a que peu d’avance sur le reste du village, car l’enfant prodigue des Porphyre, celui qui fut envoyé aux galères en même temps que son père à la corde (honte suprême pour un noble), celui-là revient. Le secret des Porphyre ne va pas rester secret longtemps. Le vent a été semé, et la tempête approche...

Beau début

Le seul vrai défaut de cet album sera peut-être une qualité, sur le long terme: c’est le début d’une série. En tant que tel, il prend beaucoup de temps pour poser l’ambiance et les personnages, au point que l’action ne commence pas avant les toutes dernières pages. Entre temps, on a le temps d’admirer le style pseudo-réaliste et les magnifiques couleurs de Parnotte, et d’approcher les personnages, qui se révèlent agréablement complexes, loin d’être idéalisés, au point que l’on sent fonctionner la dynamique de ce qui pourrait être un village du monde réel. C’est bien, mais c’est frustrant, à la fin, de ne faire que commencer ces séries, sans savoir jusqu’où elles iront. C’est une jolie carte postale, une invitation à passer plus de temps dans cette histoire, mais pas vraiment l’histoire elle-même... pas encore.