L’habit rouge de Peter Pan
Ecrit au début du siècle dernier, Peter Pan rencontre un vif succès dès sa parution. A sa mort, l’auteur James Matthew Barrie décide de céder ses droits d’auteurs au Great Osmond Street Hospital, de façon à ce que chaque vente du livre rapporte de l’argent à l’hôpital pour enfants londonien. Un siècle plus tard, alors que le roman s’apprête à tomber dans le domaine public, les responsables de l’hôpital ont décidé pour la première fois d’autoriser l’écriture d’une suite à Peter Pan et d’organiser un concours international pour trouver l’auteur capable de reprendre le flambeau. C’est Géraldine McCaughrean qui réussit à séduire le jury avec un chapitre et un synopsis de ce qui allait devenir L’Habit rouge de Peter Pan. Loin d’être une débutante, l’auteur anglaise a déjà publié de nombreux romans pour les jeunes, dont certains ont été traduits en français chez Gallimard.
25 ans plus tard
Wendy, ses frères et les Garçons Perdus adoptés par les Darling ont grandi. Ce sont maintenant de responsables adultes qui ont des métiers sérieux. Jusqu’au jour où chacun se met à rêver, toutes les nuits, du Pays Imaginaire où ils ont autrefois vécu en compagnie de Peter Pan. Plus troublant encore, ils découvrent au matin, sous leurs oreillers, ramenés de ces songes étranges des objets bien réels : tricorne, pistolets, épées et même… un alligator ! Ca ne peut plus durer ! Le tissu du Pays Imaginaire serait-il percé de trous pour que les rêves s’en soient enfuis ? Comme toujours, c’est la sage Wendy qui résoudra cet épineux problème. L’unique solution : trouver de la poudre de fée, redevenir des enfants et retourner au Pays Imaginaire !
« Toute action a ses conséquences »
On retrouve avec plaisir, dans ce nouvel opus des aventures de l’éternel enfant, tous les ingrédients qui font le charme du roman original : le ton plein d’ironie, la langue obsolète mais si élégante, les péripéties incroyables et leur résolution absurde, les pirates, les Peaux-Rouges - ainsi qu’une nouvelle variété de Peaux-Rouges pirates - et bien sûr le personnage de Peter Pan, ce sale gosse, dont on ne sait jamais si on veut lui donner des claques ou l’embrasser. Géraldine McCaughrean réussit le tour de force de faire revivre fidèlement le style de l’auteur sans jamais tomber dans la parodie.
Mais loin de se limiter à un hommage respectueux, l’auteur introduit dans L’habit rouge de Peter Pan de nouveaux éléments pour nous livrer une histoire tout à fait inédite. Ainsi, le directeur du cirque Effilo et ses animaux obéissant au doigt et à l’œil, mais aussi de nombreux nouveaux paysages, comme le Pic de Magnétite ou le Labyrinthe des Sorcières. Plus qu’une simple séquelle, ce nouveau roman englobe l’ancien dans une trame plus vaste, plus ambitieuse, et répond à de nombreuses questions laissées en suspens dans le premier opus, comme pour en faire une unique histoire en deux volets.
On pourrait ainsi être choqué de voir dévoilées la jeunesse du capitaine Crochet et les raisons qui l’ont poussé à se faire pirate au Pays Imaginaire, ainsi qu’une foule de détails laissés en suspens par James Matthew Barrie, mais c’est sans compter la fidélité totale dont fait preuve l’auteur envers son prédécesseur. A tel point qu’après avoir lu cette suite incongrue, elle semble tout à coup indispensable, nécessaire.
Ce roman est donc une réussite, d’autant plus si l’on considère l’enjeu qu’il représente, qui plaira à tous les inconditionnels de Peter Pan.