On ne présente plus Jean-Pierre Andrevon, un des monstres sacrés de la SF Française. Depuis ses débuts en littérature en 1968 ce compositeur/peintre/journaliste a enchaîné les nouvelles et les romans (plusieurs dizaines). Longtemps on a cité Gandahar et Le Travail du Furet comme ses deux livres les plus marquant. Il faut maintenant y ajouter Le Monde Enfin, un recueil de nouvelles post-apocalyptiques génial et poétique sorti au début de l'année 2006. Hydra est en fait une réédition d'un roman publié au Fleuve Noir dans les années 80.
Hydra, planète bleue.
Après des millénaires coincés sur Terre, les hommes ont enfin commencé à se répandre dans l'espace. Une expansion qui leur a fait découvrir de nombreuses planètes mais aussi un peuple et hostile nommé les "Autres" contre lequel ils sont en guerre. Bien à l'abri des combats, Val et une petite équipe de sept scientifiques étudient la faune et la flore de la planète Hydra entièrement recouverte d'eau. Chaque jour apporte son lot de petites bestioles en tout genre, la vie y étant particulièrement foisonnante. Tout se détraque lorsqu'une huitième chercheuse vient les rejoindre sur leur base. C'est le moment que choisit la mort pour les décimer peu à peu alors qu'ils sont isolés à des milliers de kilomètres de tout secours.
Bien mais un peu long par moment...
Jean-Pierre Andrevon est un formidable conteur. Cette découverte de la planète Hydra avec ses particularités est un véritable régal et les personnages de ce huis clos sont passionnants. Voilà une science-fiction qui explore et qui charme par son exotisme. Evidemment, rapidement, l'ambiance devient plus angoissante, plus "polar". On songe à Agatha Christie et à tous les romans se servant de la même ligne de narration : un endroit inaccessible, un meurtrier et du suspens. Le résultat est plutôt réussit dans la première partie du roman. La deuxième, une fois l'enquête résolue, s'avère plus laborieuse. La narration s'englue un peu sur une soixantaine de pages et il y a quelques longueurs, jusqu'à un final lui aussi plutôt réussit. C'est donc un sentiment plutôt mitigé qui domine en refermant ce roman. Le décor est superbe et Jean-Pierre Andrevon sucite de merveilleuses images. Rien que pour cela et son héros (un baroudeur désabusé chargé de la sécurité de la plate-forme), Hydra mérite qu'on s'y attarde, quitte à faire l'impasse sur les quelques chapitres qui s'éternisent. Et on ne peut que souhaiter que d'autres romans d'Andrevon connaissent une deuxième jeunesse en étant réédités.