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Parfum d’absolu

Benoît Bekaert (Coloriste), Thierry Bouüaert (Scénariste, Dessinateur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/12/06  -  BD
ISBN : 2350782166
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Audrey   - le 31/10/2017

Parfum d’absolu

Catherine, grande brune coquine aux allures bohémiennes, semble échappée d'un film de Tony Gatlif. Fantasque à souhait, le quotidien de notre divine l’est moins. Orpheline, elle élève seule le fils de sa sœur ex prostituée, dans un village perdu de l’Aveyron.

Mais un jour, au détour d’un feu vert, elle s’éprend d’un petit nuage dans le ciel azur. Elle décide de le suivre et atteint un cimetière où elle médite devant la tombe de sa mère, préambule funeste d’un deuil en forme de quête métaphysique livrée sous la forme d’un monologue comprenant de nombreuses injonctions au lecteur.

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La force de l’album réside en cette voix intérieure qui place la narration sous le signe intime de la focalisation interne. Aussi, c’est à travers le prisme de son regard que nous percevons le monde, qui se pare d’un tour mystique et romantique propre à notre friponne déchue.

Il en résulte un travail original sur la sensation, fécond du point de vue formel, comme le démontre l’audacieux montage, qui ose les répétitions, dilate les instants gracieux de Catherine, ces instants précieux où enfin elle existe.

Etre ou ne pas être ? C’est en pleine nature, au contact des éléments que la sensuelle Catherine se réincarne: l’air et ses nuages, mais aussi l’eau, son obsession : tantôt immergée dans un lac tranquille, ou bien sous la pluie, c’est une noyade dont elle réchappe qui déclenche sa résurrection.

Que la lumière soit !

Mais sa quête la plus évidente et la plus forte, c’est celle de l’Illumination symbolique de l’absolu à laquelle elle aspire. Catherine cherche en premier la lumière de la vérité, celle de ses origines. Qui était sa mère ? Comment accepter ce passé flou et douloureux dont l’intrusion soudaine de flash au fil des séquences suggère l’horreur ? Le statut ambigu de certaines images et les taches aveugles dissimulant les visages qu’elle souhaite oublier esquissent une dimension indicible, qui planera jusqu’au terme de l’histoire.

Aussi et surtout, elle cherche la lueur qui redonnera un sens à son existence, désir parfaitement mis en abîme par la figuration solaire, tache éblouissante dans une gamme chromatique kaki, comme assombrie par la tristesse de Catherine, qui se raccroche comme elle peut à la ligne de mire éblouissante de l’astre.

Excepté quelques clichés formels (le fameux filtre de couleur pour signifier les flash-back…) et la dimension pathétique de certaines scènes versant un tantinet dans le mélodrame, on est touché par le parcours intérieur de cette créature bohème et hystérique. Un auteur et un coloriste à suivre.

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