Les Ombres de Dieu
Né en 1963 de l'autre côté de l'Atlantique, J.Gregory Keyes est arrivé chez nous en 1998 avec le premier tome de sa tétralogie de L'Âge de la Déraison. Une arrivée réussie puisqu'après la publication de tous les volumes de la série, le Fleuve Noir a édité un nouveau cycle : Le Roi de Bruyère. Voilà le signe que les éditeurs et les lecteurs français aiment Keyes. Il avait d'ailleurs été lauréat du Grand Prix de l'imaginaire 2002 pour Les Démons du roi Soleil.
Apocalypse…
Pour ce quatrième tome, les trajectoires des différents personnages de Keyes convergent vers la bataille finale qui décidera du sort du monde. Une sorte d'Apocalypse dans laquelle les Malakim (comprenez les Anges), tenteront de prendre complètement le pouvoir sur Terre et d'éliminer l'espèce humaine. En face, une poignée de héros : Benjamin Franklin, le célèbre inventeur, Red Shoes le chaman indien aux grands pouvoirs, Pierre le Tsar russe en exil, Philippe d'Orléans le dernier roi français, Adrienne de Montchevreuil et ses compagnons… Des hommes et des femmes déjà durement éprouvés par la chute d'une météorite sur Londres qui a ravagé l'Europe. La partie s'annonce difficile mais la défaite leur est interdite. La victoire ou la mort, il n'y a pas d'autre choix…
Too much ?
L'Âge de la déraison possède comme principale qualité un véritable souffle qui entraîne le lecteur de tome en tome. Mais si l'Uchronie de base était alléchante en possibilités dans un XVIIIème siècle parallèle, on peut reprocher à Keyes d'en avoir un peu trop fait. A force d'en rajouter des couches et des couches avec ses anges, ses recherches scientifiques sur la nature magique du monde, ses sorciers, ses inventions toutes plus délirantes les unes que les autres et ses multiples personnages avec leurs états d'âmes et leurs histoires d'amour, on finit simplement par ne plus y croire.
De rebondissements en rebondissements, on se perd dans une intrigue dont le sel s'évanouit à l'approche de l'Apocalypse finale. On regrettera également le côté très occidental du récit. Seul l'Europe et l'Amérique naissante prennent part au conflit, laissant la Chine et l'Empire Ottoman vaquer à leurs occupations. Comme si la guerre de l'espèce humaine contre les Malakims ne les concernait pas… Agaçant. Au final, même si ce quatrième tome se lit facilement, il ne parvient pas à confirmer les louanges des deux premiers volumes. A trop vouloir entraîner le lecteur dans son délire, Keyes risque de le perdre. Dommage.