Medalon

Jennifer Fallon est une auteur australienne encore peu connue du grand public. Le premier tome de La Trilogie de L’Enfant-Démon est son premier roman publié, qui lui a valu la reconnaissance de la critique dans son Australie natale. Pour la petite histoire, Mrs. Fallon, lassée de ses échecs auprès des éditeurs, et après avoir exercé tout un tas de métiers tous plus différents les uns des autres, s’était promis en 1995 de se laisser jusqu’à 2000 pour écrire un livre qui serait publié. Pari gagné ; elle a depuis lors écrit – et publié – neuf ouvrages, répartis en trois trilogies.

Entre druidisme et christianisme : un(e) nouvel(le) Arthur...

Medalon est un pays relativement neuf entouré de nations puissantes. Un carrefour stratégique sur le chemin des guerres de religion : au Sud et à l’Ouest, deux Etats puissants, bien qu’en déclin, acquis aux cultes des dieux et convaincus de la survivance de la race mythique des Haarshinis. Au Nord Karien, un pays qui a renié les traditions anciennes pour se consacrer au culte monothéiste de Xaphista. Issu du renoncement des Harshini face à la hargne guerrière des Soeurs du Glaive, la nation médalonienne est désormais gouvernée par la Congrégation des Soeurs, dans une société matriarcale laïque protégée par l’armée des Défenseurs. Seulement voilà, le traité, vieux de deux cents ans, qui a garanti la frontière Nord de Médalon face aux Kariens, induit l’obligation pour les Médaloniens d’empêcher le culte des dieux anciens sur leur territoire... Hors ces derniers prolifèrent, encouragés dans leur foi par une tradition messianique annonçant la venue imminente de l’héritier royal des Harshinis, l’Enfant-Démon.

L’histoire est centrée sur R’shiel, fille de Joyhinia, Soeur du Glaive membre du Grand Conseil et bien décidée à obtenir le pouvoir, quel qu’en soit le prix. Alors que de sombres complots se trament dans la Citadelle, capitale de la Congrégation monothéiste, l’ambition de Joyhinia mène ses deux enfants, R’shiel et son demi-frère Tarja, à se rebeller contre la tyrannie maternelle. La rupture est inévitable lorsque les intrigues de Joyhinia la mènent au pouvoir suprême, mettant à jour ses projets et rendant nécessaire l’éclaircissement des nombreuses questions que soulèvent son ascension et son histoire. Commence alors la véritable quête identitaire de R’shiel, et sa découverte des traditions religieuses reniées par les Soeurs du Glaive.

A l’ouest, rien de nouveau...

Un style souvent emphatique dessert très largement ce roman, en le rendant parfois difficile à lire : l’auteur (ou le traducteur, je l’ignore) s’entête à placer les compléments circonstanciels avant les verbes, ce qui occasionnellement peut relever le niveau de langue, mais à force d’abus finit par le rabaisser. En bref, la forme aurait mérité des retouches, et un style plus simple, moins prétentieux. 

Je citerais comme principale source d’intérêt la représentation d’un affrontement direct entre le monothéisme (quoique, associé à une matriarchie non conventionnelle) et un polythéisme proche de l’idée que l’on se fait de la culture hellenistique ou latine. Pourtant l’introduction des dieux comme personnages réels enlève selon moi à la force symbolique du paganisme romain et rend l’ensemble plus divertissant qu’intéressant. Le livre passe à côté des grands axes de réflexion soulevés par cet affrontement, et survole les problématiques religieuses.

Le déclin des Harshini fait de plus infailliblement penser à celui des Elfes chez Tolkien & Co, sans pour autant avoir la profondeur conférée par le fatalisme des Eldars.

Divertissant, mais plat

En bref, je serai assez réservé sur l'ensemble. Le livre est plaisant et facile à lire, le suspense est assez bien entretenu : on n’a de cesse de se demander qui trahira, quand, comment... Pour autant, pas de nouveauté ni de subtilité spéciale dans ce livre.