Tous ne sont pas des monstres

Née en 1938 à Paris, Maud Tabachnik est une auteur de polar confirmée. Une carrière qu'elle a commencé en 1983 après une vie professionnelle bien remplie. Parmi ses romans on trouve New York, balafres, Un été pourri, Le Festin de l'Araignée, La Mort quelque part, Gémeaux ou bien encore Douze heures pour mourir. Des titres tous tournés vers le polar, un genre dont elle a décidé de s'éloigner le temps d'un roman dans la toute nouvelle collection Le Club Van Helsing aux éditions Baleine. Et voilà Maud Tabachnik qui flirte avec le fantastique...

Tous ne sont pas des monstres mais quand même...

Les banlieues grondent. Les banlieues se révoltent. Dans une France éloignée d'aujourd'hui par seulement quelques années, les groupuscules terroristes ont infiltré en profondeur les banlieues jusqu'à provoquer une insurrection générale. C'est alors l'état de crise. Les grandes villes sont littéralement assiégées et l'Etat hésite entre le dialogue et la répression. D'autant que les insurgés semblent avoir des appuis mystérieux et magiques. De l'autre côté du mur, Nathan est chargé un peu contre son gré de réveiller une des plus vieilles légendes juives : un golem !

Deux mondes, deux monstres

Ce nouveau roman de Maud Tabachnik met en scène deux mondes qui se rencontrent et qui s'affrontent. Celui des extrémistes musulmans prônant la polygamie, les crimes d'honneur, la violence et les mariages arrangés derrière l'excuse pitoyable de la religion. De l'autre celui de la république laïque qui apparaît bien incapable de faire face à ce soulèvement qui pourtant fait vaciller ses bases. Ce sont deux modes de vie qui se dressent l'un devant l'autre. Avec comme sauveur les légendes juives et leur puissance.

Evidemment, on ne cesse de penser aux émeutes de banlieues de 2005 et surtout on ne cesse de s'interroger en lisant ce roman. Même si elle évite le manichéisme et le discours « tous les musulmans sont méchants », la manière de mettre en scène ces soulèvements et cette quasi-victoire de l'extrémisme religieux posent d'inévitables questions sur notre république et la co-existence de plusieurs modes de vie et de religion. Et c'est bien là tout l'intérêt de ce roman si on fait l'effort de passer outre un discours que l'on pourrait croire caricatural à première vue.

Dans ce choc des cultures, l'apparition de deux monstres semble presque anecdotique. Certes ils ont dans leurs mains le dénouement de la crise, mais ce sont bien les questions que le roman pose qui forment l'intérêt de ce roman. Un livre qui en plus se lit avec facilité, Maud Tabachnik ayant choisi de multiplier les chapitres courts dans un style nerveux et direct qui privilégie l'action au détriment des personnages.

En refermant Tous ne sont pas des monstres, on se dit que la volonté d'ouverture de la collection à des auteurs qui ne sont pas issus du milieu du fantastique français se trouve ici justifiée. Un bon petit roman vif et intéressant à découvrir.