L'Atalante publie le second roman de la Texane Martha Wells, après La Mort du Nécromant (1998). On connaît peu de choses de l'auteur, hormis sa passion pour l'histoire et la littérature françaises.
Tout est question de conflit…
Thomas Boniface, le capitaine de la Garde royale, sauve le vieux sorcier Galen Dubbel de son adversaire Grandier dont la mauvaise réputation et les attaques font frémir le royaume de l'Île-Rien. A Vienne, la capitale, Ravenna, Reine Douairière, s'inquiète de l'avenir de son peuple, laissé aux soins de son fils unique, le trop faible Roland et de la futile jeune reine Falaise. Thomas, autrefois l'amant de Ravenna, doit aujourd'hui protéger Dubbel et le royaume de l'ambition du mystérieux Grandier, au beau milieu des intrigues d'une cour en perpétuelles rémissions.
Si tu ne viens pas à Thomas Boniface, Thomas Boniface viendra à toi
Voilà donc un bon petit roman de cape et d'épée, dont le début fait obligatoirement penser à Lagardère et à sa célèbre botte… Une profusion de personnages, une intrigue bien menée, une écriture classique, tous les ingrédients du roman de cape et d'épée se mettent en place dès le premier chapitre. On s'inquiète toujours de ces romans américains "à la mode française" qui s'étendent souvent en anachronismes et en dialogues pompeux. Martha Wells ne tombe cependant pas dans le piège. Sur 439 pages, elle pose un décor familier (les grandes cours d'Europe, façon fantasy) et fait évoluer ses personnages avec une cohérence qu'on sent tirée d'une très bonne connaissance de l'Histoire de France.
Un petit bémol, cependant à ce roman : à force de ne pas vouloir tomber dans une mascarade "à la française", Martha Wells confère à ses personnages une neutralité qui sied parfaitement à Thomas Boniface, capitaine à l'intelligence exercée, formée par et pour la cour, mais qui perd un peu le lecteur face au nombre considérable de protagonistes secondaires, particulièrement dans les dialogues. Par bonheur, cette neutralité révèle, dans la seconde partie du roman, une finesse justifiée par l'ambiance des intrigues et du "bien-parler" de la cour royale. Pour les amateurs de cape et d'épée.