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Cellules

Eric Corbeyran (Scénariste), Richard Guérineau (Dessinateur), Raphaël Hédon (Coloriste)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/08/07  -  BD
ISBN : 9782756005768
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Christian   - le 31/10/2017

Cellules

D’origine romaine, les stryges, mi-femmes, mi-oiseaux, poussaient des cris perçants, s’en prenaient aux nouveau-nés, en les emportant avec leurs serres crochues, en suçant leur sang ou en les empoisonnant avec leur lait. Les stryges d’Eric Corbeyran et de Richard Guérineau sont moins cruelles, mais c’est l’humanité entière qu’elles nourrissent de leurs obscurs desseins. Elles (ils) existent en version mâle et femelle, mais elles ont du mal à se reproduire.

Onzième volet de la saga des stryges et de leur chant qui hypnotise les hommes, ce cinquième album de la saison 2, celle du rabattage des aliens ailés avant la battue, prépare le final mortel entre Debrah et Sandor G. Weltman. L’Angelina Jolie de la série (Debrah) s’attaque à la forteresse new-yorkaise du démiurge venu tout droit du XIIIème siècle. Cet ami-ennemi des stryges détient le secret de leur destruction (le grimoire de Vernoncius).

Deux autres rescapés du Moyen-âge (Abeau et Cylinia) ont pour mission de protéger les stryges. Ils cherchent à reprendre leur précieux grimoire, en cours de décryptage par Sandor G. Weltman dans l’album précédent (Manipulations). Aux ordres de Crandl, ennemi juré de Weltman, Debrah veut savoir le fin mot du mystère. Jill cherche à guérir du mortel baiser des stryges. Nivek cherche à sauver sa compagne, Melly Chapman, du même sort funeste. Debrah, Jill et Nivek se frayent leur propre chemin dans l’écheveau des manipulations de ceux qui jouent avec les stryges.

L’appât

Juillet 2004. Dans l’immeuble tanière de Sandor G. Weltman, Nivek est pris au piège. Il est utilisé comme appât par le grand manipulateur-en-chef pour attirer Debrah, toujours à la recherche du grimoire de Vernoncius. Jill et Debrah, secondées par les immortels Abeau et Cylinia, tombent sous la coupe du sorcier milliardaire.

Pendant ce temps, le professeur Chapman essaie d’enrayer la maladie de sa fille, victime des stryges. À coups d’électrochocs. La méthode de Nivek, prêt à tout pour récupérer le médicament miracle, paraît plus orthodoxe, mais le résultat sera-t-il plus probant ?

Un enfermement transitoire

Crandl n’apparaît pas dans Cellules, les stryges n’interviennent qu’à titre traumatique (les souvenirs de Melly). Autant dire qu’Eric Corbeyran a épuré le scénario, moins tortueux, plus direct que dans les autres albums. Les séquences se déroulent quasiment en deux lieux : le building de standing de Weltman et la clinique du professeur Chapman. L’ennemi public, Sandor G. Weltman, attire les personnages comme des mouches. Et tout est fait pour nous préparer à la lutte finale. Melly et le professeur Chapman ne sont finalement qu’une diversion, une impasse pourrait-on dire, car la pauvre Melly est vraiment mal en point. Ce sont aussi deux prisons, pour Nivek et pour Melly, mais bientôt pour les autres personnages, confinés dans leurs cellules. Pour attirer Debrah, Weltman fait une concession à Nivek : il tente une expérience sur Jill. En modifiant ses cellules (on n’en sort pas), il parvient à la sauver. Comme quoi, tout n’est pas aussi noir qu’on pourrait le croire.

Ce onzième numéro est un album de transition. Eric Corbeyran a besoin de parer au plus pressé, d’accélérer et de faire converger ses personnages pour préparer la scène finale. D’où l’impression d’une plus grande simplicité et d’une plus grande efficacité narrative. Sandor G. Weltman, l’homme invisible des ouvrages précédents, est désormais omniprésent. Maître des lieux, « maître de jeu », sa combinaison étanche d’insectoïde ne l’empêche pas de jouer les metteurs en scène jusqu’au bout. Capable de soigner des malades incurables, capable de déchiffrer le mystère de la table de défixion et le secret du grimoire, il est désormais en mesure d’accéder au pouvoir suprême : se débarrasser de ceux qui l’ont rendu immortel.

La couverture est superbe. La grille d’écrans de Debrah renvoie à un nouveau sens du terme « cellules », tout en évoquant le caractère holographique des cellules humaines (toute l’information génétique y est contenue). Le savant fou trône sur son siège géant comme un prédateur obnubilé par sa Lara Croft cathodique. La qualité graphique est toujours au rendez-vous. Un dessin très maîtrisé, sur un mode quasi-comics. De l’action, des corps en mouvement, mais surtout des visages marqués par leur passé et leur distance au présent immédiat. Les personnages sont parfois trop dessinés (trop de détails dans les plis des vêtements, dans les rides ou les cheveux) et, curieusement, sur certaines cases et à une certaine distance, les visages sont plus flous et noyés dans la couleur. Ce défaut est moins flagrant que dans les deux albums précédents, mais il y a des bévues persistantes. Le cadrage est très classique. Sur deux pages, la composition est originale et très réussie : Nivek, puis Melly, sont accablés par des scènes qui hantent leur mémoire. Ces scènes sont distribuées dans des cases réparties autour de la tête expressive du personnage, placée au centre. Cette force est amplifiée par l’usage total ou alterné du rouge. Chaque lieu a sa tonalité, sa signature couleur. Le travail de Hedon, le coloriste, s’adapte naturellement aux dessins denses de Guérineau.

Un scénario simplifié, mais toujours efficace. Un graphisme classique, mais haut de gamme. Un album qui donne très envie de découvrir le suivant, qui marquera la fin de la saison 2 et du secret des stryges.

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