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Inaki Holgado est basque, espagnol. Il a travaillé pour des éditeurs de jeu vidéo et dans la publicité, avant de se tourner vers la bande dessinée, publiant plusieurs réalisations en Espagne. Francis Laboutique est - semble-t-il - libraire et n'a encore rien publié de connu.
Le fruit de leur collaboration est le premier tome de Muraille, chez Paquet, sorti en prépublication dans le magazine Bodoï.

Quand la Pierre marche sur l'Eau

Le monde est Eau. Une mer qui recouvre le globe entier, pour ce que l'on en sait. Sauf... La mythique Carrière d'où proviennent les pierres qui servent à la construction de la Muraille. Et lorsque l'édifice aura fait le tour de la planète pour rejoindre son origine, le Cycle sera accompli.
Chacun est à sa tâche. Les architectes conçoivent les plans, les gardes assurent la protection et les ouvriers construisent. Pourtant un sourd malaise commence à agiter ce monde clos qu'est le chantier. On parle de rationnement, de pénurie... Les convois de ravitaillement traînent et sont grevés par les taxes des Provinces Intermédiaires.
A sa manière, chacun se sent le devoir d'agir pour contrer la situation, mais ce que les uns appellent action, d'autres le voient peut-être comme de la rébellion...

Simple et efficace

Ces deux mots résument à la fois le scénario et le dessin de l'album.
Francis Laboutique n'a pas été chercher loin ses idées. Le principe du huis-clos, d'une société vivant en autarcie et menée à la dure par un clergé omnipotent a déjà été utilisé par divers auteurs de BD ou de littérature - par exemple G.J. Arnaud et sa Compagnie des Glaces. Mais il ne faut pas bouder son plaisir lorsque l'idée est bien exploitée, ce qui est le cas ici. Différentes castes avec différentes optiques sur les solutions à apporter, une dictature qui en reste au domaine de l'indicible et du masque, voila des ingrédients qui donnent une cohérence et une fraîcheur au récit et le rendent nouveau et accrocheur.

Le dessin aussi est d'abord efficace. Des traits simples - voire simplistes - qui brossent avec économie tant les personnages que les décors parfois simplement suggérés. Ce qui n'interdit pas à l'auteur de nous dresser parfois des tableaux grandioses de la muraille, suggérant sa fuite infinie vers l'horizon tout en soulignant sa lourdeur et sa force.

L'ensemble produit une oeuvre de qualité, sans autre ambition de nous faire passer un bon moment. Il n'y a là ni profonde recherche stylistique ni réflexion philosophique cachée. Juste une bonne histoire sur un monde un peu fou constitué de pierre et d'eau. Avec des hommes confrontés tant aux éléments qu'à leurs propres démons.