Jouvence

Alain Le Bussy est un passionné des littératures de l'imaginaire. Un vrai ! Né il y a 60 ans en Belgique, il a écrit une quarantaine de romans (dont les cycle d'Aqualia et de Yorg chez Eons, celui de Chatinika au Fleuve Noir, et également plusieurs pastiches de polar) et plus de 200 nouvelles. Une bibliographie qui lui a valu le prix Rosny Aîné et deux fois le prix du 7ème continent. Mais sa passion ne se limite pas à l'écriture. Il est depuis six ans le président de l'association Infini et du concours de nouvelles qu'elle organise chaque année. Il a également été l'organisateur des conventions françaises de la SF en 2002 et 2005, traducteur de plusieurs nouvelles (dont Destination fin du monde de Silverberg, Dites au revoir au vent de Ballard, Voyage de Le Guin ou bien encore Joe et le grand joueur de Leiber) et rédacteur en chef d'un fanzine (Xuensè) qui a tout de même connu l'âge canonique de 60 numéros. Un amour de la SF qui se traduit une fois encore dans son choix de publier une novella chez un jeune éditeur : Les éditions Griffre d'Encre.

Houston... On a un problème...

L'humanité a conquis depuis longtemps les étoiles mais la Terre a un peu perdu le contact au fil des siècles avec les colonies qui se sont installées sur différentes planètes. Le Vaisseau L'Explo II a pour mission de retrouver leurs traces pour renouer le lien avec la planète mère. Mais au cours du voyage, un drôle d'accident se produit forçant le vaisseau à s'écraser sur une planète particulièrement hostile. L'eau y est rare et la vie ne s'est pas encore installée. Les trois survivants de la mission vont donc entamer un long périple pour essayer de trouver un endroit favorable pour attendre les secours. Une marche de plusieurs mois dans un environnement aride et désertique...

Un bon prélude ?

Jouvence d'Alain le Bussy est une nouvelle plutôt classique de science-fiction. On y retrouve des éléments bien connus comme le voyage dans l'espace et la survie d'une poignée d'aventurirers sur un monde hostile. Pourtant s'il est plutôt bavard sur le passé de son héroïne dans la première partie du récit et sur la technologie employée par ces hommes du futur en matière de balades intersidérales, il devient plus sibyllin dès que ses héros se sont crashés sur la planète. Le récit s'oriente plus vers leur longue marche, laissant peu de place aux disgressions et se concentrant sur l'effort qu'ils doivent fournir et sur les rêveries (ou la folie) d'un des trois protagonistes. Il n'explore pas du tout la relation entre eux, poussés par leur tenue qui les aident à survivre et à marcher. A quasiment aucun moment ils n'entament une discussion avec des passions et des jalousies qui pourraient éclater entre eux (après tout il y a deux hommes et une femme). Comme s'ils étaient écrasés par leur solitude et par leur improbable but. Un choix étonnant mais pas forcément désagréable à lire même si cette deuxième partie peut sembler un peu longue par moment. Quant au final, il ouvre sur quelque chose qui mériterait bien une suite. Comme si Jouvence était le prélude à une aventure de plus grande envergure. Néanmoins l'avis final est plutôt positif. Alain le Bussy développe dans ce petit livre une jolie plume (bien qu'avec de temps en temps des formulations un peu trop alambiquées) et mène assez bien son récit. Assez en tout cas pour nous donner envie de lire une éventuelle suite et d'autres titres de cette collection chez Griffe d'Encre.