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Traque

Djillali Defali (Dessinateur), Eric Corbeyran (Scénariste), Richard Guérineau (Scénariste), Raphaël Hédon (Coloriste)
Aux éditions : 
Date de parution : 30/09/07  -  BD
ISBN : 9782847890532
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Christian   - le 31/10/2017

Traque

Une nouvelle série en 3 tomes par les auteurs du Chant des Stryges, Corbeyran et Guérineau, mais cette fois-ci, Richard Guérineau n’est plus dessinateur mais coscénariste : c’est le très productif Djillali Defali qui est à la table de dessin. Depuis 2000, il a produit plus d’une quinzaine d’albums en quatre séries : Garous, Asphodèle, La loi des 12 tables (avec la sorcière Asphodèle) et désormais le Syndrome de Hyde. Les trois dernières sont écrites par Corbeyran, devenu scénariste patenté de Defali. Parrainé à ses débuts par Caza, Arleston et Crisse, Defali a signé chez Soleil, puis chez Delcourt.

Un remake des stryges ? Non, seul le monstre griffu,poilu et son origine iranienne lointaine s’en font discrètement l’écho. Cette fois-ci, on est plutôt dans l’ambiance Freddy, Docteur Jekill et Mister Hyde et Cold Case. Une compilation entre serial polar et urban thriller. 56 pages de traque d’un tueur en série démoniaque qui disparaît pendant des années et réapparaît dans des lieux différents.

Le syndrome de Aïe !


Un groupe d’archéologues britanniques est victime, en 1883, d’émanations gazeuses dans un tombeau iranien. Et la traque peut commencer… Nous la suivons depuis un Paris du futur (2015) où, secoué de crises de testostéronite aiguë, un lion-stryge surmusclé viole et démembre férocement d’innocentes jeunes filles de ses griffes. Un bon samaritain anonyme surveille de loin le monstre et semble vouloir l’empêcher de se vautrer dans sa débauche de violence, mais sans succès.

Franck Vandenbroecke, père de famille et inspecteur à la brigade SK d’Europol, est mis sur l’affaire. La police criminelle locale maladroite ne lui facilite pas toujours la tâche, mais, après d’autres victimes, d’autres griffures sataniques et des recherches approfondies, il finit par s’approcher, une fois, puis deux fois, de Freddy. Mal lui en a pris…

Une série composite

Ce polar fantastique combine plusieurs ressorts classiques du polar et du fantastique : le serial killer, la possession ou l’être d’un autre âge qui s’empare d’un corps, la transmutation temporaire catastrophique (le syndrome Hyde), et, comme l’indique le titre, la course-poursuite. Ajoutez à cela une dose de FBI européen (Europol) et vous obtenez un scénario composite fantaspolar, où les mystères sont emboités : Qui est l’être qui possède les corps ? Quel est l’être dans lequel il les oblige à se transformer ? Qui sera le prochain possédé ? Quels seront ses prochaines victimes ? Qui surveille Freddy de loin ?

Au total, le résultat est un peu une série américaine moderne à l’Européenne dans laquelle l’esprit des stryges ferait une brève irruption spatiotemporelle. L’originalité de la série vient du métissage des composants (serial killer, possession, dédoublement et traque), mais aucun n’est en soi original. Ni l’entrelacement du passé et du futur. D’où le sentiment de coexistence d’un contexte nouveau et de situations déjà vues. La fin de l’album laisse présager une ambiance différente pour le second album. A suivre donc.

Contrairement aux Stryges, le mystère porte moins sur l’origine du mal que sur sa localisation et sur la façon de le détruire. Le premier album est donc bien centré sur la traque du monstre. Cette traque s’organise à plusieurs niveaux : les polices européennes qui poursuivent un dangereux criminel, Europol qui dispose d’archives sur des crimes monstrueux commis en d’autres lieux et à d’autres époques, un mystérieux personnage qui semble en savoir plus que d’autres sur Freddy/Hyde et qui cache peut-être une traque qui s’organise depuis plus longtemps dans l’histoire. Cette chasse rend le déroulement de l’action plus efficace, mais donne moins de profondeur au scénario. Le personnage principal a beau jouer un peu avec son fils, il manque de personnalité. Il  n’est ni attachant, ni intéressant. Là aussi, ça devrait s’améliorer dans le deuxième tome.

Pour la partie graphique, le trait est net. Defali alterne le très bien et le moins bien. Les visages sont, en général, réussis mais dans certaines cases, ils sont plus approximatifs. Idem pour les proportions des corps, notamment dans le rapport bras/buste. Les plis sont souvent exagérés (Defali aime bien les ombres). Les perspectives sont peu originales, bien que le dessinateur maîtrise parfaitement les plans décentrés et plongeants. L’organisation des cases est classique avec un fonds noir et de trop rares audaces de composition. Defali donne l’impression de ne pas vouloir se lâcher et d’être plus préoccupé par le rendement que par le rendu des pages.

Mais le point le parti pris le plus important est celui de la couleur. Pour conforter l’ambiance pesante de la série, de rester majoritairement sur du trichrome (noir, blanc, beige), les autres couleurs étant réservées à des effets spéciaux : lumière, sang, feu, émanation étrange ou ressenti psychologique violent. Un gros travail sur les ombres entre Defali et le coloriste, Raphaël Hédon. Une traque sombre donc.

Une série composite, professionnelle, à qualité minimale garantie. Sans génie.

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