La balade du père Grégoire

Dans la lignée SF jeunesse des Editions Balivernes (Albert Camembert, Semeurs d’étoiles, Le Livre d’en bas, A l’orée des fées, etc.), voici un livre spatial de la collection Calembredaines destiné aux 4-7 ans. Une petite sortie de nuit dans l’espace. Un livre à trois mains conçu par l’auteure Marie-Jeanne Barbier, l’illustrateur Helder et… Nicolas Barbier. C’est, en effet, à l’occasion d’un dessin reproduit dans l’album qu’à l’âge de huit ans, Nicolas inspira cette histoire à sa mère.

Aujourd’hui à la retraite, Marie-Jeanne Barbier, ancienne ouvrière d’usine, a, depuis plus de dix ans, développé ses talents d’auteure. Elle avait publié six albums aux éditions Milan et Actes Sud, avant de rejoindre les Editions Balivernes. Issu d’une grande école de dessin belge, Helder, illustrateur et infographiste, travaille également dans l’industrie du jeu vidéo.

Des moutons de roses

En regardant le soleil se coucher, il vient au Père Grégoire l’envie de dormir. Le vieux jardinier souhaite une bonne nuit à sa rose préférée, puis, une fois dans son lit en compagnie de son chien Gamin, il compte les roses plutôt que les moutons pour s’endormir. Cette nuit, tandis qu’il compte à rebours, il n’arrive pas à fermer l’œil et lorsqu’il a fini de compter, le lit s’ébranle et file dans l’espace comme une fusée. 

Après un petit tour du système solaire et un coup de main à un astronaute, le Père Grégoire revient sur Terre. Mais a-t-il seulement rêvé ?

L’espace chiffonné

Sans être très originale, l’histoire est amusante. Bâtie autour de l’idée d’un lit-fusée qui voyage dans le système solaire et qui vient au secours d’un astronaute, son charme onirique séduit les plus petits. Le texte est clair, concis et adapté à son public. Seul regret : les textes sont un peu petits et ne ressortent pas toujours très bien des couleurs de l’arrière-plan.

Les dessins sont plaisants. Du figuratif sans trait guidé par les couleurs. Un traitement des ombres et des dégradés qui donnent une petite sensation de 3D. Avec une touche cartoon à la Mia et le Migou. Dominante rouge, rose, orange. L’espace a des allures de Mars. Seul le Père Grégoire, en bleu, paraît perdu et projeté dans cet espace aux couleurs inhabituelles.

Mais le plus original dans l’album est sans doute la retouche infographique du dessin. C’est le coup de patte de Helder qui, par des filtres graphiques bien étudiés, martyrise le papier et lui donne des allures de parchemin chiffonné. Une torture inédite donne du relief à l’espace et aux planètes visitées. Comme une déformation de l’espace-temps en phase avec la distorsion onirique de l’espace-récit.