Gotham
Né en 1963, la carrière littéraire de Xavier Mauméjean a commencé en 2000 avec la plublication d'un premier roman aux éditions du Masque : Les Mémoires de l'Homme-Eléphant. Depuis, il a publié une douzaine de romans dans différents styles et une quinzaine de nouvelles, raflant au passage trois prix littéraires (Le prix Bob Morane pour La Ligue des Héros, Le prix Gérardmer pour Les Mémoires de l'homme-éléphant et le prix Rosny Aîné pour La Vénus Anatomique). Et quand il n'écrit pas de la fiction, il écrit également sur les autres (Les Nombreuses vies de Sherlock Holmes et Les Nombreuses vies d'Hercule Poirot aux éditions des Moutons Electriques) et fait écrire les autres dans deux collections qu'il dirige : Le Club Van Helsing aux éditions Baleine et Royaumes perdus chez Mango, cette dernière collection étant destinée aux adolescents.
Gotham...
Gotham est un roman plutôt noir et pas du tout fantastique publié une première fois en janvier 2002 aux éditions du Masque. Xavier Mauméjean met un scène un publicitaire sûr de lui et arrogant qui finit par craquer totalement. Jonathan Pyke est un homme plutôt brillant mais totalement froid et imperméable au quotidien. Au point que la mort d'un de ses collaborateur qui se fait exploser la tête dans un étau le laisse plutôt froid. Seul sa réussite et éventuellement sa famille l'intéressent véritablement. Mais à l'occasion d'un week end en célibataire, ses fêlures intimes explosent le vernis dont il a su s'entourer pour se protéger des autres. Et l'opération est particulièrement violente...
Plongée dans le néant
Avec Gotham, Xavier Mauméjean nous entraine à la suite d'un héros parfaitement insupportable. Un publictaire obscène dont l'humanité s'est entièrement envolée. Le choc est plutôt brutal d'autant que le rideau de l'intrigue se lêve sur un suicide particulièrement hideux. Bienvenu dans un univers froid et aseptisé qui est d'une noirceur absolue dans son individualisme et son mépris des autres. Un univers que l'auteur va prendre plaisir à inciser pour le faire exploser avec son plus parfait symbole Jonathan Pyke. Le cadre n'est d'ailleurs pas étranger à la crise. Jonathan vit à New York, la cité des cités, sans doute l'une des plus folles du monde, là où se cristalise les rêves et les fantasmes du capitalisme.
Dès les premières pages, on est happé par ce récit plutôt court et percutant. Xavier Mauméjean dépeind des personnages terrifiants d'égoisme et d'ambition, mais qui au fil du roman ont le choix de changer ou de garder leur place dans la grande machine sociale. La crise de Jonathan, même si elle est plutôt insolite et originale (il recrée une véritable jungle dans son appartement) est symptomatique des sociétés mordernes et de la course permanente à la reconnaissance, aussi bien social que professionnel ou médiatique. Mauméjean a pour cela le sens de la formule et de la mise en scène. L'écriture se resserre sur l'essentiel, dépouillée de de détails et d'affect. Le récit bascule peu à peu, et s'intériorise dans un affrontement violent entre Jonathan "le publicitaire" et Jonathan "l'homme" dont l'issue est forcément incertaine, et de toute manière ravageuse.
Il y a une sorte de déséquilibre dans le roman, où dans une première partie Xavier Mauméjean nous présente plusieurs personnages avant de finalement ne s'intéresser qu'à deux d'entre eux seulement. On ressent alors comme une frustration de ne pas en découvrir plus sur le monde de Jonathan Pyke. On sent qu'il y avait la possibilité d'étoffer cette intrigue et ses lignes de narrations. Voici un roman passionnant, bien qu'un peu court, qui a toute l'attirance du noir et de la folie. De quoi faire connaissance avec son auteur qui décidément continue à nous surprendre par son talent et sa diversité.