Un festin pour les corbeaux
Homme polymorphe, George R.R.Martin a un CV bien rempli. Scénariste, producteur, prof de journalisme, écrivain… Cet auteur américain a commencé sa carrière littéraire en 1970 avant de connaître quelques années plus tard le succès avec la saga du Trône de Fer, que l’on découvre peu à peu en France par le biais des éditions Pygmalion pour le grand format et J’ai lu pour la version poche. Un cycle qui semble interminable et qui cache les autres facettes de l’auteur. Car George R.R.Martin ne dédaigne pas non plus à l’occasion s’aventurer en SF (Chanson pour Lya, Elle qui chevauche les tempêtes, Le Voyage de Haviland Tuf...) ou en fantastique (Riverdream). Un festin pour les corbeaux est le douzième tome du Trône de Fer.
Petit rappel
Si vous prenez le train en route, Le Trône de Fer est une vaste saga de fantasy qui se déroule à l’échelle de tout un continent. George R.R.Martin jongle avec une bonne dizaine de personnages qu’ils soient rois ou reines ou simples chevaliers. Depuis douze tomes, c’est toute l’histoire et le destin de cette zone qu’il nous raconte avec cette capacité à garder la même intensité dans son récit tout au long des livres.
Un festin pour les corbeaux nous raconte la suite des aventures notamment de Brienne, Jaime, Cersei et Sansa. La chevalier Brienne est toujours à la recherche de Sansa. Et pour ça elle arrive dans un secteur ravagé par les bandes de pillards. Elle découvre une étonnante auberge tenue par des enfants, orphelins de cette guerre sans pitié. Et elle n’est pas au bout de ses surprises. Si elle ne parvient toujours pas à trouver Sansa, elle va trouver une autre Stark...
De son côté Sansa vit toujours sous une fausse identité dans le clan des Baelish. Elle passe son temps à s’occuper d’un jeune prince à la santé extrêmement fragile. Mais son père adoptif a d’autres projets pour elle. Des projets grandioses avec un Empire à la clef.
Quant à Jaime et Cersei, le premier essaie d’enlever pour sa sœur le château de Vivesaigues. La seconde joue avec le feu pour tenter de conserver son pouvoir. Elle a autorisé dans les tomes précédents les gardiens de La Foi à se réarmer. Sauf que ces religieux sont fanatiques et dangereux, même pour elle...
Dans la continuité
Cela fait déjà onze tomes et quelques années que l’on chante les louanges de cette saga de fantasy, sans doute la plus importante de ces dernières années. Evidemment, ce douzième volume n’est qu’une confirmation. D’abord que George R.R.Martin est un formidable conteur, capable depuis des années de nous tenir en haleine sur cette série, multipliant les rebondissements, les voltes faces, les intrigues politiques et les scènes d’actions. Le tout étant formidablement bien dosé.
Ensuite qu’il sait manœuvrer ses personnages avec talent, explorant leurs personnalités sans tomber dans le manichéisme. Il n’y a pas de « Méchants », ou finalement assez peu dans Le Trône de Fer. Juste des humains avec leurs qualités et leurs défauts, et leur rage de s’en sortir. Car derrière les conflits de pouvoir, il en va en général de leur vie, l’auteur n’hésitant pas à les faire mourir. D’ailleurs, chose assez étonnante, lui-même semble se prendre particulièrement au jeu et ses lecteurs également. Au point qu’il s’excuse à la fin d’Un festin pour les corbeaux de n’avoir rien dit sur certains d’entre eux (tout en promettant évidemment d’en reparler par la suite, signe qu’on est loin d’en avoir fini avec la série).
Enfin que c’est une saga cruelle, violente, sans compromis, politique, tortueuse et finalement passionnante. Rien de neuf non dans ce douzième tome, vraiment rien. Juste la confirmation qu’une oeuvre énorme est en train de naître et que l’on en est toujours accro.