Kaal, le grand éveil
Emile Accart est photographe. Avec son roman Kaal, le Grand Eveil, il s'essaie à l'écriture en mêlant héroïc fantasy et science-fiction grâce à la Société des Ecrivains.
Un destin bien lourd à porter
Sagir connait déjà tout de son avenir. Il sera vigneron, comme son père avant sa mort et son oncle qui l'élève. C'est en tout cas ce qu'il croit... Car une autre destinée lui incombe, qu'il va découvrir peu à peu, bien souvent douloureusement.
Il sait bien qu'il dispose de capacités en magie, mais répugne à les exploiter. Pourtant, il y est bien forcé... Et commence alors un périple qui va le mener à parcourir le monde à la vitesse du son en chevauchant un arbre mort, à parler avec des démons millénaires et réparer des machines d'une technologie incroyablement avancée.
Pourtant, il souhaiterais tant pouvoir rentrer chez lui, s'installer avec celle qui deviendra peut-être un jour sa femme, s'asseoir sur la terrasse en sirotant le fruit de ses vignes ! Mais la malédiction qui pèse sur sa famille le force à avancer, à résoudre des énigmes et accomplir des exploits qui pourront changer la face de la planète Kaal et la vie future des races qui l'habitent.
De tout, un peu
Le roman est bien écrit, prenant, avec une narration parfaitement maîtrisée. Il commence comme une œuvre d'héroïc fantasy tout à fait standard et continue ainsi pendant longtemps. Tout y est, races étranges, magiciens de tout poils, guerriers invincibles et artefacts démoniaques décuplant les pouvoirs du porteurs.
Puis le roman se met à osciller, dévoilant par moment des facettes qui font hausser les sourcils dans un livre de magiciens et d'épées :
... une lentille de verre était incrustée au mur à hauteur du visage, et elle s'alluma avec le même symbole que celle qu'il avait vu fonctionner au Mont.
Une voix dit alors:
- les transmissions étant interrompues depuis mille quatre cent quarante décants,le contrôle ne pourra valider ni invalider la décision qui sera prise lors de la présente session.
Tout cela fait penser à La Geste du Halaguen. Surtout avec la présence répétée d'aiguilles de cristal gigantesques, dont la plus grande au milieu d'une mer circulaire, trop ronde pour être naturelle... A partir de là, le héros, jeune vigneron barbare inculte, va se transformer en technicien pointu spécialisé dans le changement d'éléments défectueux d'aiguilles technologiques. Quels mystères se cachent derrière tous ces équipements ?
Mais l'auteur nous laisse sur notre faim... Il effleure la science-fiction mais, comme s'il hésitait à y entrer réellement, il laisse planer les doutes et revient vers l'héroïc fantasy comme un refuge, une valeur plus sûre pour son écriture. Et nous refermons le livre avec une foule d'interrogations : les démons sont-ils des intelligences artificielles ? Qu'est-ce que la magie ? D'où viennent les hommes, qui sont les extra-terrestres,...
Ce n'est pas un grand livre, en cela qu'il manque de souffle et de puissance évocatrice, mais un excellent premier roman, volontairement placé entre deux genres, même si l'on sent bien la préférence de l'auteur pour l'un d'eux.