Le Jour du chaos
Didier Convard fait partie de ce club de scénaristes qui multiplient les albums et les collaborations. Né en 1950, il a signé depuis ses débuts des titres comme Finkel, Rogon le Leu, I.N.R.I., Hertz, Le Protocole du tueur, Fripounet et Marisette, Last, Neige etc. Pour Tanâtos, une série se situant aux abords de la première guerre mondiale, il s’est associé avec Jean-Yves Delitte, le talentueux dessinateur des Nouveaux Tsars, des Coulisses du Pouvoir ou bien encore du fabuleux Neptune, une série graphiquement splendide.
Juillet 1914
Après l’assassinat de l’Archiduc François Ferdinand, les menaces de guerre se font de plus en plus pressantes en Europe. Pendant ce temps en France, Victor, le patron d’une agence de détectives privés à la pointe de la technologie, pourchasse le plus grand criminel existant : Tanâtos. Un individu mystérieux qui pourrait bien chercher à embraser l’Europe pour déclencher la guerre et servir aux mieux ses intérêts dans l’industrie de l’armement. Un véritable génie du mal lui aussi à la pointe de la science et de la technologie. Les deux hommes vont se livrer un duel sans merci…
Prêts pour une suite ?
Si ce deuxième tome sonne la fin du premier diptyque de la série, tout est en place au niveau du scénario pour une suite dans laquelle les deux héros continueront à s’affronter. Didier Convard a en effet laissé fleurir les mystères dans ce deuxième tome, refusant de donner toutes les réponses. Par exemple on ne sait pas qui finance réellement l’agence de détectives privés que dirige Victor. Lui-même d’ailleurs ne semble pas le savoir, évoquant simplement un mystérieux mécène versant chaque mois de l’argent sur le compte de l’agence. Reste à savoir si les deux auteurs feront réellement cette suite et quand ? Espérons que la réponse soit positive et rapide...
Si l’affrontement Victor / Tanâtos semble un peu manichéen, le contexte de la bande dessinée est passionnant. Convard et Delitte nous plongent en France à quelques jours du déclenchement des hostilités de la première guerre mondiale, n’hésitant pas à mettre en scène des personnages historiques comme Jaurès. Ils donnent bien entendu une version imaginaire des événements pour les besoins du scénario. On est évidemment bien loin de la vérité historique. Mais le contexte apparaît assez crédible pour que cela en devienne vite passionnant. On s’amuse même des clins d’oeils à Fantomas par exemple lorsque Tanâtos change de visage en enfilant des masques en latex pour mieux tromper ses ennemis et ses alliés.
Mais le meilleur atout de cette série, c’est le travail de Jean-Yves Delitte au niveau du dessin. L’homme est un méticuleux jamais avare de détails dans ses cases et de précisions dans les expressions et les visages des personnages. Son trait plutôt réaliste fait vraiment merveille. C’est un régal et on lui pardonne volontiers les petits défauts lorsque le point de vue s’éloigne de l’action (les visages deviennent rapidement flous). Un travail d’autant mieux mis en valeur que les couleurs sont superbes et que le choix d’un fond noir pour entourer les cases les fait ressortir joliment. C’est remarquable. Une bonne BD uchronique pour se plonger avec délices en 1914…