Romance Killer 1/2
En mai 2007, la France découvrait Doha et son talent avec le manwha Catsby, grand succès BD du net repris en quatre albums par Casterman. Le revoici en 2008 avec Romance Killer, 431 pages, le premier très prometteur des deux tomes d'une histoire de tueur.
De Royal à Romance
Il s'appelle R, comme Royal, parce qu'il est tueur à gages, le meilleur de tous, le Royal Killer. Il raconte, à la première personne, comment sa vie a basculé une première fois. Un jour, en partie à cause du parfum d'un freesia, il a enfreint ses trois règles – ne pas poser de question ; ne pas penser ; ne pas aimer – et sa cible, une jolie jeune femme, est devenue son épouse. Il a rangé son Beretta et s'est installé avec cette femme et sa fille So-Young qu'il a immédiatement considérée comme la sienne. Sept ans plus tard, son épouse a beaucoup changé. Elle est fleuriste et tente de préserver sa jeunesse à grand renfort de chirurgie esthétique. Elle l'entretient, lui donne des ordres et il se laisse vivre. Jusqu'à ce qu'il croise une amie de So-Young, la troublante Miu, dont on affirme qu'elle n'hésite pas à « sortir avec des vieux ». Le choc de cette rencontre l'aide à préciser son questionnement personnel, mais sa vie va-t-elle en être bouleversée une fois de plus ?
La patte de Doha
Après avoir livré, avec Catsby, le quotidien et les amours de jeunes chômeurs, Doha s'intéresse à un personnage assez singulier. Dans Romance Killer, il nous montre que l'ex-tueur est un humain. R ne se contente pas de traverser la vie d'un bout à l'autre. Il pense, analyse son vécu et ses sentiments, cherche les lignes du destin dans la confusion de l'existence et s'arrête parfois sur des instants banals qui, grâce au talent de Doha, deviennent étranges, poétiques.
Comme dans Catsby, les traits des personnages sont simples, épurés, mais toujours très expressifs alors que les lieux et les paysages ont parfois la précision de la photo. Le texte, agréable et décalé, est succinct, efficace et dénote d'un regard particulier sur le monde.
Lisez Romance Killer, plus sûrement encore si vous avez aimé Catsby ! Les deux ouvrages sont différents mais portent tous deux la marque de Doha : humour et profondeur, sens de l'absurde et sensibilité, et quelques gros plans étonnants.