Noé

Noé

Noé, dix ans, n’a pas beaucoup de chance. Sans nouvelles de son père depuis plusieurs années, il voit son monde s’écrouler à la mort de sa mère dans un accident de la route. Recueilli par ses grands parents, il s’installe sur le Nan-Ty, leur péniche. Son errance sur les eaux fluviales en compagnie de Grand-pa, de Mamina et du canard Homère (« tout un poème » !) lui fera découvrir un monde un peu rude, mais aux plaisirs simples. Comme sa rencontre avec la jolie Gaëlle, par exemple. Ou celle, chargée de secrets, avec le marinier Freddy…

Un canard nommé Homère, un petit Noé sur une arche en forme de péniche : il n’en fallait pas plus pour qu’ActuSF chronique ce sympathique roman jeunesse, même si in fine Noé n’a plus de rapport avec l’Odyssée qu’avec le Déluge…

L’écriture de Claire Clément (cette journaliste à Bayard Presse a publié de nombreuses histoires dans Pomme d’Api, ainsi que plusieurs romans pour la jeunesse), sans sophistications, est parfaitement adaptée à ses jeunes lecteurs, sans paraître appauvrie. Ainsi l’auteur n’hésite pas à passer en revue le vocabulaire propre au monde des mariniers – que l’auteur connaît bien puisqu’il est précisé dans une brève note biographique qu’elle « vit aujourd’hui avec son mari et ses enfants sur une péniche amarrée près de Paris ». Quelques illustrations, après la dédicace, permettent d’ailleurs au lecteur de découvrir des termes qui ne lui sont peut-être pas familiers, de la timonerie aux bollards, en passant par les écoutilles.

Les autres thèmes du roman (les premiers amours, la complexité des relations adultes – avec l’image subtilement altérée de la mère défunte –, et surtout la mort d’un parent) sont traités avec délicatesse, jamais frontalement. La légère idéalisation de l’univers fluvial aurait pu gêner, mais elle renforce le dépaysement du jeune héros, après la disparition de sa mère, en lui faisant salutairement changer d’air. Seul l’épisode paroxystique de la tempête, qui rompt avec le rythme tranquille du Nan-Ty et confirme la véritable identité du mélancolique Freddy, nous paraît un peu trop mélodramatique. Mais après tout, un peu de théâtralité n’a jamais fait de mal à personne, et a contrario Noé se démarque plutôt par son approche étonnamment légère du deuil. Après la mort d’une mère, la vie continue.