Tunny Head
Qui n’a pas un jour ouvert un album de la série déjantée pour motard : Joe Bar Team ? Derrière les planches des allumés de la moto se trouvait Fane, un dessinateur prolifique à qui l’on doit également une série sur les 4x4, un roman graphique avec Tehy intitulé Petites Eclipses et un album de science fiction : Skud. En parallèle, il a développé pour le fanzine Gotham : Tunny Head, le héros le plus méchant de la BD.
Décérébré, sanguinaire...
Tunny Head est un personnage affreux. Un héros qui possède « le flingue le plus amorti de la BD ». Sa devise est simple : défourailler son gun à chaque planche. Et ce gros balaise au cerveau limité n’a aucune limite ni aucune morale. Il tue à tour de bras, pour se défendre, pour régler un différent ou... juste pour le plaisir.
Tout en finesse...
Voici ce qu’on appelle une BD grasse et méchante. L’humour s’appuie sur la nonchalance de son héros lorsqu’il sort son flingue pour faire sauter le caisson à ceux qui ne lui reviennent pas. Il fait penser au héros d’Herenguel : Krän, mais cette fois non pas dans la fantasy, mais dans un quotidien qui ressemble souvent à un décor de western (avec simplement une moto à la place d’un cheval). On y retrouve le même profil tout en muscle et avec un QI d’huître. Tunny est peut-être simplement un peu moins obsédé. Il n’hésite d’ailleurs pas à mettre des beignes aux rares filles qu’il croise. Bref, les baffes et les balles volent de tous les côtés sans aucune finesse. Fane se fait plaisir et cela se sent. Il en profite d’ailleurs pour régler ses comptes avec des chasseurs ou les boys bands, voire avec Natacha, la célèbre héroïne de bande dessinée. Le résultat est réussi. L’humour fonctionne et on se prend à sourire malgré un manque récurrent de scénario dans ces strips d’une page. D’ailleurs on retrouve dans cette intégrale des aventures en noir et blanc de Tunny l’esprit fanzine dont il est issu. Ici l’intrigue est secondaire. La présence de la méchanceté bête et potache de son héros est suffisante. Un album plutôt réjouissant même si on aura du mal à en redemander.