Fiction n°7
Avec son rythme semestriel et le soin apporté à sa conception visuelle, la revue Fiction est à chaque numéro un événement. Le septième opus ne déroge pas à la règle avec un sommaire plutôt alléchant : David Calvo, Fabrice Colin, Gardner Dozois, James Patrick Kelly et Andrew Weiner pour ne citer que les plus connus…
Du bon et du moins bon
La première nouvelle est sans doute la plus décevante. La Vieille maison sous la neige de Rhys Hugues part d’une idée plutôt originale. Dans une sorte de cratère recouvert de neige, deux amis retrouvent une maison abandonnée et source de légendes autour du Diable. Un bon départ gâché par des longueurs qui nous décrochent peu à peu du récit.
La suite est bien plus agréable à lire. D’abord Chambre d’hôte du revenant Dominique Douay. Cet auteur français qui a commis plusieurs romans de SF dans les années 70-80, livre une nouvelle étonnante avec pour héros un drôle de personnage qui vit une vie de reclus. Un retour réussi avec ce texte qui se dévore…
Autre retour, c’est celui du duo Colin/Calvo. Les deux auteurs se sont une nouvelle fois retrouvés pour une histoire un peu folle mais aussi très belle et poétique autour d’un petit garçon qui a un amour dévorant pour les cœlacanthes. Au point d’en avoir un chez lui et de lui consacrer toute son attention, quitte à négliger ses amis.
Après ce premier trio de nouvelles, Patrick Imbert nous offre une petite pause avec une sorte de roman-photos de quelques pages autour de la conscience. L’idée est bonne et intéressante mais on se perd un peu dans son propos entre images et textes.
Mario Milosevic
Parmi les six nouvelles suivantes celle de David D. Levine, Titanium Mike à la rescousse ! est intéressante parce qu’elle met en scène un personnage mythique et totalement imaginaire évoqué par de futurs colons de l’espace. L’auteur nous conte les légendes liées à ce personnage dans de petites scènes chronologiquement à rebours ce qui nous permet de voir combien ses exploits sont peu à peu déformés. Si la lecture n’est pas forcément passionnante, le procédé est plutôt habile.
Kim Antieau nous propose de son côté Errer dans l’Eden, avec des héros payés pour retrouver le fils d’un couple plutôt aisé qui aurait été enlevé. La vérité sera toute autre et il sera question de modification génétique, de chant et de passion. Un beau texte, assez émouvant, qui évoque Les Maîtres Chanteurs d’Orson scott Card.
Lettres de l’au-delà de Mario Milosevic est basé sur une bonne idée : une entreprise envoie des cartes postales signées par des défunts à leur proches après leur mort. Une manière pour la famille de les sentir encore un peu auprès d’eux. Une short-story qui a le mérite de ne pas trop en faire et d’être assez efficace.
Et puis on évoquera également Née sous le signe du cheval de Michaela Roessner, le récit d’une narratrice qui a pour amie une jeune femme chinoise née l’année du cheval, une année censée être funeste pour les petites filles…
Lasth
Avant d’explorer la dernière partie de ce fiction numéro 7, Lasth nous propose une sorte de BD / cahier graphique autour d’un personnage se rapprochant du super héros. Si certaines cases sont vraiment superbes, l’ensemble est un peu inégal et le propos se perd dans trop de détails… Une histoire qui aurait mérité un peu plus de clarté.
La nouvelle suivante est l’une des meilleures de la revue : Le Marchand et la porte de l’alchimiste de Ted Chiang. Un récit qui a le mérite de nous plonger en orient avec une histoire de voyage dans le temps entre Bagdad et Le Caire. Une histoire qui pourrait figurer sans peine dans les Mille et une nuits. Un vrai bonheur tout comme Contrefactuel de Gardner Dozois avec pour héros un journaliste se creusant la tête pour écrire une uchronie sur la guerre de sécession, et 90% de tout de Lethem, Kessel et Kelly. Ce dernier texte nous entraîne à la suite d’une héroïne enquêtant sur la venue sur Terre d’extraterrestres ressemblant à des chiens gigantesques et monstrueux. Une excellente nouvelle de SF.
Indispensable
Si tout le sommaire n’est pas égal, ce septième tome de la rue Fiction est aussi indispensable que les précédents. Il y a d’excellents textes accompagnés d’une mise en page toujours aussi agréable et d’un vériatble effort sur le contenant. Vraiment du bel ouvrage. Indispensable on vous dit.