La Nuit du Minotaure

La Nuit du Minotaure

Inconnu en SF, Paul Halter avait jusqu’ici écrit des romans policiers pour Le Masque. Véritable pilier de la collection, capable d’en produire deux, voire trois par an, sa bibliographie est longue comme le bras avec pas moins d’une grosse trentaine de romans en vingt ans. Ce qui ne l'a pas empêché de se laisser tenter par l’aventure du Club Van Helsing, la collection dirigée par Xavier Mauméjean et Guillaume Lebeau aux éditions Baleine et qui met en scène des chasseurs de monstres. Et pour sa participation, Paul Halter a décidé de s’attaquer au personnage du Minotaure.

Alsace, terre de mystères

Quelques semaines après la drôle de découverte archéologique en Crète d’un groupe de chercheurs-randonneurs, une vague de meurtres s’abat sur l’Alsace. Des filles sont retrouvées complètement démembrées par un tueur qui semble totalement fou et doté d’une force redoutable. Sentant la patte d’un monstre sous cette série noire, Hugo Van Helsing demande à l’un de ses meilleurs chasseurs, Roland Bayard, de s’occuper de cette affaire.

Raté…

Plutôt que de se lancer dans une aventure musclée, Paul Halter a décidé d’emprunter le chemin de l’enquête logique pour faire résoudre à son héros le mystère alsacien. Sauf que le fantastique va bien entendu débarquer dans le récit. Malheureusement, la combinaison des deux ne fonctionne pas très bien et ce dès le début. Premier événement qui ne semble pas crédible, la découverte des randonneurs. Alors qu’ils empruntent un chemin difficile, un mini-tremblement de terre met à jour un site de vestiges minoens. Mais ils ont à peine le temps de s’émerveiller que le temple se retrouve enseveli et inaccessible définitivement. Dans les quelques minutes qui séparent les deux événements, l’une des jeunes femmes de l’équipe parvient à copier un drôle de texte parlant du minotaure et gravé dans une pierre du temple. Si elle évite de se retrouver sous les gravats lorsqu’ils recouvrent le site, elle ne survit malheureusement pas à la nuit, faisant une chute mortelle et mystérieuse dans leur campement en hauteur. Sauf que celui qui dirige l’expédition parvient à récupérer le fameux texte copié et que toute l’intrigue part de là. La ficelle est grosse et un peu trop même. Paul Halter avait-il besoin d’événements aussi peu crédibles pour lancer son histoire car dans les faits, ils donnent malheureusement des indications précieuses au lecteur et enlève une bonne part de la surprise finale, faussant d’emblée l’enquête et nous laissant un peu incrédules. Or, La Nuit du Minotaure tient essentiellement sur la révélation finale…

On regrettera d’ailleurs que le personnage principal ne soit pas un peu plus étoffé. Avec une personnalité plus forte ou originale, il aurait pu redonner du sel au récit. Là il apparaît presque banal, même s’il faut lui reconnaître un statut de bon enquêteur. Mais, et c’est un autre reproche, tout semble un peu trop couler de source, comme l’adhésion du petit copain d’une des victimes qui, alors qu’il soupçonne Roland du meurtre dans un premier temps, deviendra son fidèle allié sans jamais vraiment poser de questions. Et que dire de l’un de ses amis policiers qui lui donne des infos sur son enquête sans rechigner tout en acceptant de ne pas en recevoir en retour. Cela aussi semble peu crédible. Le seul intérêt qu’on reconnaîtra à Roland, c’est celui de se tromper magistralement au cours de son enquête. C’est le moment vraiment plaisant de ce livre.

Lors de la première saison du Club Van Helsing, on a pu parfois reprocher un cadre un peu trop étroit pour les auteurs, les empêchant de donner toute la mesure de leurs récits ou de leurs personnages. Ici ce n’est pas la faute de la collection. Le livre est simplement raté, l’intrigue étant assez pauvre en surprises. Dommage pour une enquête policière et fantastique. Un CVH dont on peut se passer.