Christian
- le 31/10/2017
Les hommes sans ombre
On sait peu de choses de Claude Furet si ce n’est qu’il est peintre et qu’il se consacre pleinement, depuis 2004, à l’écriture. L’Homme sans ombre est son premier roman, une novela SF sans prétention de 70 pages qu'il publie quasiment à compte d’auteur (Editions Persée). Claude Furet se « fait un peu la main » sur un genre qu’il maîtrise encore imparfaitement.
Un texte, plutôt bien écrit, à lire avec une certaine indulgence.
Dôme, sweet dôme
Le petit Paul coule des jours heureux avec ses grands-parents quand il apprend la mort accidentelle de ses parents. La vie reprenant ses droits, l’enfant se passionne pour la pêche, il passe son temps à la rivière avec son papy qui immortalise ces moments à l’aide de son nouveau caméscope.
C’est cette même vidéo que Mathis, le descendant de Paul, visualise pour échapper à l’emprise des maîtres. Il vit dans un dôme surélevé où le rôle de chacun est défini autoritairement suivant son QI. Mathis est l’un des seuls à se révolter contre ce monde coercitif en revendiquant son identité et en cherchant ses racines. En dépit des contrôles et des brimades, il ose se rebeller et obtient le droit de sortir du dôme, entraînant plusieurs insoumis avec lui.
Là, il découvre que d’autres humains vivent une vie saine et heureuse. La vie n’y est pas celle qu’on lui avait dépeinte. Il peut y retrouver des membres de sa famille. Mais, Madame Bressac, la femme du grand-maître cherchera à s’opposer à cette sédition par tous les moyens.
Les personnages sans ombre
Peu originale, l’écriture de Claude Furet est agréable à lire et plutôt bien maîtrisée pour un premier roman SF. Elle est limpide, précise et au service des intentions de l’auteur. Il y a peu d’inventions de langage, le rythme est régulier, presque monotone. Le passage du dialogue avec l’ordinateur central, reproduit partiellement en quatrième de couverture, est plus cru et d’un ton plus enlevé. Sinon, le langage varie peu suivant les personnages et leur psychologie est plutôt sommaire.
La thématique SF est assez pauvre. Une tour, une société totalitaire, un mensonge sur la vie aux alentours et la découverte du bonheur dans la vie simple et champêtre des humains à l’extérieur. Un petit clin d’œil incongru à des extra-terrestres bienveillants en fin d’ouvrage n’y change rien. On est loin de 1984, du Meilleur des mondes ou des Monades urbaines. Les anecdotes peinent à donner un ton original au récit (couleur des étages, la femme qui dénonce son mari, ascenseur commandé par une greffe dans le cerveau). La bonne volonté et la bonté des humains hors dôme sont confondantes de naïveté.
Dans le dôme prison et cocon, l’homme manque d’épaisseur (d’ombre). Ce monde froid et sans âme du dôme sonne comme une métaphore de la grande entreprise d’aujourd’hui. On y vit mal, dans un univers trop hiérarchisé, où le sens de la vie, la famille et le bien-être personnel sont sacrifiés au nom de l’efficacité collective. C’est aussi, dans une moindre mesure, une métaphore de la cité face à la vie plus saine et pus humaine du village.
Bref, du bon sentiment, de la sincérité, mais un manque de culture SF que l’auteur devra surmonter s’il veut être lu par les amateurs du genre.