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Tout à la Main

Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 30/04/08  -  Livre
ISBN : 9782754404846
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Benjamin   - le 31/10/2017

Tout à la Main

Tout à la main est un roman auquel l’auteur tient beaucoup. Les éditions Eons rééditent cet ouvrage de SF. Le contexte post-apocalyptique est le prétexte à une autobiographie avec la sexualité pour fil conducteur.

La page vierge comme lieu de désolation.

Tout à la main est un savoureux jeu de mots. Il retranscrit toute l’entreprise. Un auteur de SF survit miraculeusement à une obscure mais inévitable catastrophe naturelle. Seul, il ne lui reste plus que ses talents manuels pour ne pas sombrer : écrire et se masturber.

Les pages manuscrites de ce carnet intime sont tout ce qu'il reste de ce futur. Cela confère un pouvoir à la pensée du survivant : celui de restituer l’univers. Bien que la situation apocalyptique soit assez peu décrite, elle demeure un arrière plan oppressant tout du long. Elle n’est pas qu’un détail fortuit et renforce véritablement le propos. Non pas le propos écologique mais celui de l’humain. C’est donc tout à la main et rien que par les mots que se bâtit l’univers de ce roman.

C’est dans le dénuement complet que le narrateur œuvre, qu’il survit, se dépouille sans honte de ses fantasmes et accomplit ses besoins primaires. Le ton intimiste en est d’autant plus saisissant. Dans ce contexte, c’est habilement que le sexe acquiert sa place prédominante. Sans tabou tout y est abordé et raconté crûment. La jubilation et l’insistance sur les moindres détails graveleux n’en font toutefois pas un roman ( que) pornographique. C’est une merveilleuse manière de parler de l’homme, de faire vivre cette petite voix qui murmure à l’oreille du lecteur.

Andrevon en fout partout en se vidant la tête !

Andrevon est absolument libre ici. Il joue avec tout, et l’exercice ressemble fort à de l’expérimental. Phrase coupée, tons et langages mélangés, tableaux, coupures de journaux, il saute du coq à l’âne, l'auteur brûle même le livre et parle aux critiques,.. C'est la liberté d'un narrateur qui ne sera – virtuellement – pas lu. Et pour le véritable lecteur une impression d'humanité et d'intimité.

Pour une petite bandaison, l'écrivain survivant va se mettre à puiser dans sa mémoire (à l’aide se son carnet d’adresse) l’historique de sa vie sexuelle. Pour goûter à l’évasion (là où il n’y a que fange), à la compagnie (alors que les déserts s'étalent) et aux plus précieux biens de son humanité, Andrevon ravive par sa plume ses souvenirs. Seul, il s’entoure, sans s’illusionner, de ces mets enfouis dans sa conscience pour colorer son existence et survivre. Majoritairement, ce sont ceux de la vie, du foutre et de la baise qui l’animent, le corps raide. Face au néant, c’est la plus belle faculté de l’être humain qui le sauve et rend son existence supportable. Tel est l’angle primordial, sous-jacent et original de cette autobiographie.

Avouons que la grosseur du pavé et que la mise en route laisse de prime abord perplexe. Puis nous découvrons un homme nu. Et au milieu d’un chaos foutraque, la volonté d’un roman de littérature mainstream. La mélodie d’une âme sincère et émouvante à laquelle l’on s’attache fortement. À la moitié de Tout à la main, nous sommes dans les carnets d’un écrivain qui se couche sur papier, et non plus dans un fantasque roman de SF  érotico-satirique. Le propos de l'écologie,  préoccupation de l'auteur,  apparaît comme la prise de position d’un homme libre devant l’évidence. Il en parle bien car c’est une conviction intime, qu'il a toujours défendue, bien avant qu'elle ne soit à la mode chez les bobos des Batignolles.

À l’image du narrateur-auteur débridé, la lecture peut se prendre n’importe où, dans n’importe quel sens, de n’importe quelle manière tant que c’est avec plaisir qu’on l’ouvre. Partout on y retrouvera le même cœur qui bat – et cette image d’un auteur qui a mis toute son énergie pour être au plus près de l’authenticité, noble obsession des écrivains.

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