Croisière Cosmos

Olivier Texier est un auteur de bande dessinée issu de la « scène alternative ». Auto publié depuis 1997, il s’est révélé au grand public avec ses strips Le Bar (2004) et Grotesk (2006) publiés dans le magazine Psikopat. À côté d’un métier «sérieux», Olivier Texier participe régulièrement à des matchs de Catch de Dessin (si, si, ça existe), a publié, entre autres, l’album d’illustrations 69 dessins sales en 2001 chez Le Dernier Cri et commencé en 2005 la série des Nouvelles aventures de Girafe avec X-90 au scénario, chez Les Requins Marteaux.
Croisière Cosmos est son nouvel album, édité chez Delcourt, dans la collection Shampooing qui "lave la tête" et "fait des bulles".

Panique à bord

Dans un vaisseau spatial, le robot chargé du ménage constate un jour la disparition pure et simple de tous les membres de l’équipage humain. Comme une catastrophe n’arrive jamais seule, il se rend compte que les spécimens extra-terrestres collectés en cours de route ont tous quitté leur cage et commencent à explorer le navire. Ça va encore être de sa faute ! Lorsque les créatures décident de prendre en main leur destinée, le robot décide de rétablir l’ordre avant le retour des patrons. Il bute cependant sur un obstacle de taille : il y aurait un brougle à tomiques dans l’astronef. Mais qu’est-ce que c’est un brougle à tomiques ? Comment le reconnaître et comment l’arrêter ?

Des situations classiques du space opera

Le vaisseau dans lequel se déroule l’aventure de Croisière Cosmos est un décor bien connu des amateurs de films de science-fiction : des couloirs façon Star Wars, une passerelle à la Star Trek et un ordinateur de bord inspiré de 2001, L'Odyssée de l’espace. C’est sur cet univers familier et clairement codifié que Texier va poser son regard décalé, créant un effet de surprise et d’amusement. Le robot ménager, par exemple, est plus présent que l’ordinateur de bord et son pistolet lave-vitre ressemble à s’y méprendre à un désintégrateur. Plus étonnante encore, l’impensable disparition des terriens, laisse le premier plan aux cobayes, simple récolte d’un vaisseau d’exploration. Ces créatures innocentes mais pas inoffensives vont nouer des liens d’amitié ou d’inimitié et découvrir le quotidien des humains dans l’espace, sans ces derniers.

Des personnages hilarants et attachants

On pense inévitablement au Muppet Show dès l’apparition des spécimens extra-terrestres aux morphologies diverses et improbables. Certains bavent, d’autres sautent sur un pied, d’autres encore se reproduisent à une vitesse inimaginable. Leurs particularités et leurs différences sont une source intarissable de gags plus drôles les uns que les autres. Ils racontent leur vie sur leur monde natal et gagnent avec leurs formes douces, leurs grands yeux curieux et leur naïveté, la sympathie du lecteur qui a tort, quelquefois, de ne pas s’en méfier.

« Laugh boat »

Croisière Cosmos, c’est 160 pages d’humour délirant. Ce qui aurait pu n’être qu’une série de strips indépendants se trouve rassemblé en une histoire sympathique et cohérente.
Seul regret, la brièveté du récit en regard de la multiplicité des protagonistes. À peine s’est-on attaché à tel ou tel personnage que c’est la fin – définitive ? – de l’intrigue. Risque-t-on de revoir ces bestioles de l’espace dans une prochaine aventure ? Rien dans la communication de l’éditeur ne le laisse supposer. Dommage !
Cet album, en tout cas, donne envie de s’intéresser davantage aux productions passées et futures d’Olivier Texier.