La Porte de Ptolémée

La Porte de Ptolémée

Éditeur de livres pour enfants, Jonathan Stroud décide de se lancer dans l'écriture avec La Trilogie de Bartiméus. Vendue dans pas moins de vingt pays, celle-ci a fait une entrée remarquée en France avec le premier tome, L'Amulette Samarcande. La Trilogie de Bartiméus aborde un des thèmes du fantastique que l'on rencontre rarement dans la littérature jeunesse : les démons. Mais l'originalité de cette trilogie réside dans le choix des personnages. L'auteur a décidé de centrer sa trilogie non pas sur un humain, mais sur Bartiméus, un démon effronté à l'humour caustique, aux réparties insolentes et avec quelques pointes d'humanité assez déroutantes pour un djinn.

L'auteur renverse les idées classiques : les humains représentent le bien et les démons le mal. Et bien non, tout n'est pas noir et blanc. Les magiciens sont des êtres obnubilés par la puissance et la reconnaissance et qui réduisent en esclavages les démons pour mieux asseoir leur pouvoir sur les simples humains. Les démons haïssent les humains et ne cherchent qu'à se venger tandis que le peuple aspire à la Révolte.

Pour appuyer ce décor, Jonathan Stroud a crée deux autres personnages : Nathaniel, alias John Mandrake, un jeune magicien carriériste et imbu de sa personne. Et pourtant, il reste ambigu car, mal dans sa peau, il ne supporte pas le fonctionnement du gouvernement et parfois tente de passer outre la haine qui existe entre le peuple et les magiciens.

Puis, il y a Kitty, jeune résistante, vivant dans la clandestinité et rêvant d'un monde meilleur où le peuple et les démons retrouveraient leur liberté. Mais la jeune fille reste lucide... La haine est trop présente pour être balayée d'un simple revers de la main !

La Porte de Ptolémée clôt la Trilogie de Bartiméus avec brio. Dans ce dernier tome, l'auteur laisse de côté la satire politique pour proposer un roman plus sombre, plus axé sur le mal être de ses personnages. Ils ne sont plus ce qu'ils étaient. Nathaniel et Kitty ne sont plus des enfants, mais de jeunes adultes à qui on a volé leur jeunesse. Le jeune magicien devenu ministre, est déprimé, seul et Kitty a tout perdu et vit dans la clandestinité. Le désespoir est fortement présent. Quant à Bartiméus, ne pouvant rentrer chez lui se ressourcer, il voit son essence être au plus bas.

Difficile de faire une fin heureuse ! Pourtant à chaque page, on espère un revirement de situation, il reste toujours une parcelle d'espoir. Nathaniel veut sauver la ville des démons quitte à partager son corps et son esprit avec un djinn, Kitty décide de se rendre dans le monde "immatériel" des démons et Bartiméus confie une partie de son passé, une partie très personnelle de sa vie. Et à aucun moment, on ne s'attend à une fin comme ça. Retournement de situation, combat, sauvetage, magie et amitié sont là. Tous les complots des tomes précédents, l'amulette, le sceptre... tout se recoupe pour former un ensemble. Et pourtant, la fin arrive et Jonathan Stroud n'hésite pas à sacrifier ses trois héros, chacun à sa façon, car tous y perdront quelque chose. L'auteur clôt ainsi, sa trilogie magnifiquement et en fait une grande réussite.