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Nekoten ! 3

Yuji Iwahara ( Auteur), Lilian Lebrun (Traducteur)
Aux éditions : 
Date de parution : 30/09/08  -  BD
ISBN : 9782849654897
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philippeeveno@free.fr   - le 27/09/2018

Nekoten ! 3

Auteur bénéficiant déjà d’une certaine notoriété au Japon, Yuji Iwahara ne nous est connu en France que depuis 2006 avec la parution chez Soleil du Roi des ronces, saga post-apocalyptique ayant connu un certain succès. Deux ans plus tard, le revoici donc avec une nouvelle histoire beaucoup moins seinen et survival : Nekoten.

Publié par Asuka, le troisième tome de cette série vient de sortir ce mois-ci alors même qu’elle est toujours en cours avec quatre volumes au Japon. Alors seinen, shõnen ou shõjo(1), qu’en est-il du dernier petit d’Iwahara ?

Chats anthropomorphes contre esprit-tarentule et dieu de la destruction

Pour les élèves de l’académie privée Matabi et leurs chats, c’est la rentrée des classes. Car ce lycée a en effet la particularité d’accepter les félins. Mais pour Yumi et son matou teigneux Kansuke, tout va mal. Alors que celui-ci est impliqué dans une bagarre, la voilà punie de corvée de nettoyage pour être arrivée en retard ! C’est là qu’en profite Tsukumoishu, l’esprit-renard, pour attaquer l’institution et la prendre pour cible. Kansuke ne pourra rien faire. Ils seront in extremis sauvés par les élèves d’un comité bien particulier qui se battent en partenariat avec leurs chats. Pris au piège de ce qu’ils n’auraient pas dû voir, l’âme de la princesse Shirayuki leur laisse le choix : acquérir le pouvoir de comprendre humains et animaux et combattre les démons pour protéger le sanctuaire, ou tout oublier. Sans même prendre le temps de réfléchir, Kansuke accepte en leurs deux noms, au grand désarroi de Yumi. Les voici, dès lors, embarqués dans la bataille du sanctuaire, ultime étape avant la terrible résurrection de Kaen, le dieu-chat de la destruction !

Raviolis, pelote de laine et petites culottes

On pourrait d’emblée se concentrer sur le caractère extrêmement convenu du scénario. On a en effet affaire à tous les éléments caricaturaux des shõjos mangas actuels : une héroïne naïve, assistée d’un compagnon irascible et entourée d’amis plus matures, est choisie par une déité pour sauver le monde. Si on y rajoute le côté « mignon » des chats, comment ne pas voir l’étrange analogie avec le Tokyo Mew Mew de Mia Ikumi et Reiko Yoshida, paru en 2001 (Pika éditions), exemple type de ce genre d’ouvrage ? Toujours est-il que nous sommes là loin de l’univers doux-amer de Chikyü Misaki, l’autre shõjo d’Iwahara, qui privilégiait l’introspection et une maturité nécessaire pour affronter les obligations du monde des adultes. Pour autant, il est une thématique transversale de l’auteur que l’on retrouve aussi dans Nekoten : celle de l’acceptation de soi, de son rapport à l’autre. Propos que l’on peut également ressentir tout au long du Roi des ronces.

Mais ce serait trop rapidement catégoriser Nekoten et oublier tout ce qui en fait l’intérêt et la fraîcheur. Le caractère anthropomorphique des félidés et la lycanthropie des démons sont parfaitement intégrés dans un univers débridé où les combats d’anthologie succèdent aux amourettes nunuches, le tout enrobé d’un humour sympathique. Vous l’aurez compris, la frontière entre shõjo et shõnen n’est absolument pas définie dans ce manga : des affrontements épiques et des héros intrépides pour les uns, des chats et des idylles secrètes pour les autres. On regrettera, de cette manière, la présence de l’incontournable fan-service propre à tout manga pour garçon (cinquante pages de petites culottes sur deux cents !). Malgré tout, le mariage entre les genres reste cohérent. Notamment grâce à l’accent mis sur les rapports souvent cocasses entre protagonistes qui font tout le sel de ce petit manga. C’est ainsi que l’on est confronté à des duos très typés. L’association Kansuke, chat anthropomorphe volontaire et ombrageux, et Yumi, jeune collégienne gentille et candide voire godiche, forme, par exemple, un contraste idéal avec la paire Sakura, femelle intello et appliquée, et Tsubame, beau gosse réfléchi et posé. L’humour est sympathique, voire parfois complètement décalé, entre les réparties des uns et les combats à coup de pelote de laine et de plats de raviolis des autres.

On retrouve cette dichotomie shõjo-shõnen dans le dessin de Yuji Iwahara et son traitement du découpage. Le premier est doux, rond et précis, très proche du modèle B.E.S.M(2). On notera également la qualité des traits des félins ou des lycanthropes. Par contre, le rythme des combats est soutenu et dynamique et bénéficie d’une mise en scène nerveuse et de cadrages expressifs. Le rythme de l’histoire est, quant à lui, enlevé. On est loin du Roi des ronces qui démarrait de manière peu captivante et dans lequel les personnages et l’intrigue commençaient seulement à prendre réellement de la saveur uniquement à partir du troisième tome.

Au final, voilà une bonne petite série tout en fraîcheur, conçue sur mesure pour un jeune public. On est agréablement porté par une histoire rythmée bénéficiant d’un graphisme soigné et dynamique, même si le scénario n’est pas d’une originalité foudroyante.

Soulignons pour finir la qualité habituelle du travail éditorial d’Asuka tant au niveau de la jaquette que dans la mise en page, les couleurs ou le lettrage.

(1) Shõjo : manga destiné aux jeunes filles ; Shõnen : manga destiné aux jeunes garçons ; Seinen : manga destiné aux adultes.

(2) Big Eyes, Small Mouth (littéralement « Grands yeux, petite bouche »), style typique pendant longtemps des shõjo et shõnen.

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