New Paris

José Jover est un vieux routard du graphisme et de la bande dessinée. Depuis plus de vingt-cinq ans, il anime des ateliers, réalise des bandes dessinées et dirige les éditions Tartamudo. Jef Martinez a lui aussi animé des ateliers. Parallèlement, il scénarise en ce moment pour le cinéma. Ce volume est sa première incursion en BD.
Formé par José Jover, Vinz el Tabanas réalise là sa première œuvre majeure de dessin pour la bande dessinée.

Les fous du temple

En 1307, un groupe de Templiers s'aventure dans un marais, chassant le démon et ses sbires. Ils ne savent pas qu'ils vont trouver l'immortalité et combien ironique sera le cadeau qui leur sera offert.

En 2099, les Templiers ont pris le contrôle du pays et dirigent leur peuple depuis leurs ministères de New Paris. Le temps n'a pas réellement affecté leurs corps, mais leurs esprits n'ont pas résisté aux siècles de pouvoir. Seul leur maître est peut-être encore capable de raisonner lucidement, ainsi que leur serviteur Buddwin, devenu malgré lui l'unique pourvoyeur d'élixir de longue vie.

Fous, ils le sont, au point de jouer le soir à celui qui tuera le plus d'humains. Et de comploter pour déchoir leur Commandeur, alors que la Bête qui les traque refait surface et les menace. Encore une fois pris dans l'engrenage des puissants, Buddwin est seul capable de stopper les meurtriers qui lui courent après pour lui arracher ses secrets. Heureusement pour lui, les humains ne sont pas tous uniquement du bétail. L'aide arrive parfois d'où l'on ne l'attend pas !

Un joyau surprenant

En apparence, Jover et Martinez nous plongent dans une aventure peu excitante et déjà bien trop souvent parcourue. Il y a peu de différences entre leur monde et celui des Eaux de Mortelune ou du futur de Voyageur. Un avenir où des puissants sans âme règnent brutalement sur un peuple soumis et destiné à la boucherie...

Mais il faut ici appliquer une autre grille de lecture que de limiter ce volume à une sordide somme d'ultraviolence gratuite, même si les apparences nous y poussent. Car il s’agit en réalité d'une comédie dans laquelle rien ne doit être considéré comme il le semble au premier regard. Nous sommes en fait face à un énorme et surprenant canular...

Là où les autres histoires ne se lisaient qu'au premier degré, les auteurs du Miroir des Templiers nous offrent une extraordinaire parodie de futur apocalyptique, une caricature hallucinante de bande dessinée noire. Chaque case, chaque dialogue cachent une plaisanterie, une référence ou simplement une absurdité qui décale la dureté et l'ineptie apparente du propos. Complètement à l'opposé de volumes comme il en sort trop en ce moment, nous sommes invités à rire de la bêtise de tous les protagonistes de cette farce un peu macabre.

Si besoin était, le dessin est là pour nous rappeler le peu de sérieux du propos. Les auteurs se sont amusés à concevoir pour leurs héros des corps qui feraient pâlir d'envie les plus grands champions de body-building. Chaque dessin est prétexte à une description presque anatomique de chaque muscle du corps humain et les décors sont dans la même veine. Bien que la noirceur des cases et la violence des scènes soient dans la droite lignée du style parodié, l'outrance des poses et le ridicule des situations forme un tout avec le scénario. Au final, c'est un vrai plaisir de sourire en regardant les pages de cet album.